C’EST LA RÉPONSE à une interrogation qu’ont fournie des médecins belges, Tim S. Nawrot et coll. Comment se fait-il que la survie à long terme des patients ayant reçu un greffon pulmonaire soit plus basse que celle des autres transplantés ? Pourquoi la survie à cinq ans ne concerne-t-elle que 45 % des bénéficiaires d’un poumon, alors qu’elle atteint 72 % en cas de greffon cardiaque ou hépatique et même 90 % pour la transplantation rénale ? L’équipe de Bart M. Vanaudenaerde (Liège) a échafaudé une hypothèse. Par rapport aux autres organes, le poumon est le seul en contact direct avec l’air ambiant et sa pollution. Ils ont confirmé cette idée en établissant une corrélation entre la proximité d’un axe routier et la survenue d’une bronchiolite oblitérante, équivalent au rejet chronique pour les autres organes. Cette bronchiolite touche environ la moitié des greffés.
L’étude a été menée sur 288 patients ayant subi une transplantation pulmonaire entre 1997 et 2009. Les auteurs ont calculé les rapports des cotes entre la mortalité et la distance de la résidence aux axes routiers. De plus divers paramètres inflammatoires, à la fois dans le sang et dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire, ont été relevés chez 207 participants.
171 m d’un axe routier important.
Au cours de la période de suivi, 117 patients (41 %) ont déclaré une bronchiolite oblitérante et 61 (21 %) sont décédés. Ceux qui vivaient à moins de 171 m d’un axe routier important (tertile le plus bas) avaient 2,06 fois plus de risque de déclarer une bronchiolite oblitérante que ceux qui résidaient plus loin. Leur risque de décès était également multiplié par 2,2. Ce qui se traduit par 25 % des bronchiolites et 28 % des décès enregistrés dans cette bande de 171 m. Les rapports des cotes pour ces deux événements respectivement étaient chiffrés à 0,57 et 0,72 chaque fois que l’éloignement était multiplié par 10. Le déclin du risque se fait donc abruptement jusqu’à 400 m, pour disparaître au-delà de 600 m. Une donnée compatible avec la diminution logarithmique des polluants atmosphériques avec la distance.
De même les auteurs ont mis en évidence une relation inverse entre la distance et les niveaux plasmatiques de la CRP, du taux de neutrophiles et de l’IL6 dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire.
La force de ce travail réside dans l’importance de la population enrôlée et la solidité des associations découvertes. Il est aussi conforté par la masse de données démontrant l’impact négatif des polluants atmosphériques sur les systèmes pulmonaire et cardio-vasculaire.
Les autres causes de bronchiolite oblitérante sont mieux connues. Ce sont les facteurs de risque d’allo- et de non-alloimmunisation. Il peut s’agir d’incompatibilité HLA, de rejet aigu, de différences d’âge donneur/receveur ou d’infections virales. D’autres étiologies ont été récemment décrites : infection à Pseudomonas, bronchiolite lymphocytaire, RGO. Autant de facteurs qui agissent en créant une inflammation des voies aériennes liée aux neutrophiles, ce qui suggère que l’activation du système immunitaire joue le rôle de déclencheur de la bronchiolite oblitérante. Les polluants atmosphériques joueraient aussi ce rôle d’activateur.
Thorax (2011). doi :10.1136/thx.2010.155192.
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