LE MAM et sa redoutable complication l’OCHA (œdème cérébral de haute altitude) sont-ils liés à l’augmentation de la pression intracrânienne ? Quelle place prend dans l’OCHA l’autorégulation de la vaso-réactivité cérébrale ? Quelles corrélations existent entre celle-ci et la susceptibilité au MAM ? Pour élucider quelques-unes de ces questions qui demeurent discutées autour de cette physiopathologie, l’IFREMMONT s’apprête à lancer l’étude CERVO, grâce à un financement de l’Union européenne (60 %), du conseil général de Savoie et de la mairie de Chamonix. Une centaine de volontaires sont en cours de recrutement. Ils passeront une nuit à l’intérieur d’un local que la Compagnie du Mont-Blanc met à disposition pour l’étude. L’équipe du Dr Emmanuel Cauchy, y a installé son laboratoire dans des conditions logistiques et environnementales exceptionnelles, à 3 840 mètres. « Avec celui de la Cabane Margareta, à la frontière italo-suisse et celui du Colorado, ce sera l’un des trois labos de haute altitude dans le monde, précise le fondateur et directeur de l’IFREMMONT, avec cet appréciable avantage, par rapport aux deux autres, qu’il est accessible par le téléphérique de l’Aiguille du Midi, sans nécessité de recourir aux moyens héliportés. » Sur place, les volontaires subiront des mesures non invasives par doppler transcrânien de la vasoréactivité cérébrale en altitude, pour examiner une corrélation avec l’apparition des symptômes (mesure des variations de débit sanguin cérébral en normoxie puis en hypoxie aiguë). Des échographies cardiaques permettront aussi de détecter un éventuel micro-embolisme (mesure des pressions intracardiaques droite, détection d’un foramen ovale asymptomatique). Et ils passeront une nuit sur place, de manière à enregistrer leur sommeil en hypoxie, avec des pauses respiratoires et des adaptations ventilatoires nocturnes. En cas de décompensation, un médecin urgentiste sera présent sur le site, avec son matériel de réanimation, ainsi qu’une bouteille d’oxygène et un caisson de décompression. Les procédures de la Compagnie du Mont-Blanc permettent, si nécessaire, de redescendre soit par téléphérique, soit par hélicoptère en moins d’une heure.
Facteur prédisposant.
Le protocole prévoit encore une série d’expérimentations « au sol » qui se dérouleront en fait à 1 000 mètres d’altitude, à l’ENSA de Chamonix (École nationale de ski et d’alpinisme) dans le local d’exploration fonctionnelle du centre médical.
CERVO pourrait permettre d’identifier un facteur prédisposant au MAM qui serait détectable en consultation préventive, avec un doppler transcrânien. « Nous allons tenter de mettre au point et de valider un test prédictif, annonce le Dr Cauchy. 3 à 5 % de la population serait exposé, rappelle-t-il, et toutes les semaines dans l’Himalaya, un ou deux trekkeurs décèdent des suites de mécanismes moléculaires et cellulaires sous-jacents au mal aigu des montagnes, des mécanismes qui restent complexes et encore mal compris. »
Mais les montagnards ne sont pas seuls concernés : l’étude intéressera aussi l’aéronautique, avec les pilotes d’hélicoptère qui n’utilisent pas de moyen de compensation en oxygène hyperbare, ainsi que les plongeurs sous-marins, avec les maladies de décompression retrouvées chez les plongeurs porteurs de foramen ovale perméable.
L’IFREMMONT dispose pour deux ans de son laboratoire de l’Aiguille du Midi. En fonction des retombées de CERVO, un modèle d’étude in vivo reproductible pour d’autres programmes pourrait être aménagé et lui valoir une reconduction de son bail.
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