En France, on estime qu'une femme sur quatre consultant en médecine générale a subi des violences au cours de sa vie*.
Qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, ces violences ont « une incidence majeure en matière de santé », estime le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste au centre de santé municipal de Romainville (93) et membre du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh). Somatisations, conduites à risque, altérations de la relation aux autres, de la pensée, de la sexualité, autant de conséquences qui rendent nécessaire le repérage de ces violences par le médecin traitant.
Des questions simples
Pour le médecin, il est souvent difficile de déterminer, lors de l'examen clinique, si une femme est ou a été victime de violences. « Ces femmes présentent souvent des tableaux très différents et parfois un peu compliqués ou qui ne permettent pas de penser qu'il y a eu violences », souligne le Dr Lazimi. Il est donc essentiel que le médecin ose poser la question avec des phrases simples : « Êtes-vous ou avez-vous été victime de violences physiques ? Psychologiques ? Sexuelles ? Comment se passent vos rapports intimes ? Est-ce toujours vous qui décidez ? Avez-vous peur de votre partenaire ? Lorsque vous étiez enceinte, avez-vous été frappée, giflée, blessée par votre partenaire ? ». Diverses études** ont permis de démontrer que le fait de poser ces questions aide les femmes à libérer leur parole, la relation qui existe avec le médecin se faisant dans la confidentialité et en confiance.
Sortir la victime de l'isolement
Pour le praticien, les bénéfices de ce questionnement systématique sont doubles. Il pourra établir un lien avec les tableaux cliniques présents, passés et futurs. Et cela lui permettra d'établir un dialogue avec la patiente, qui favorisera la réflexion. « La famille et la société sont très tolérantes à l'égard des violences faites aux femmes », estime le Dr Lazimi. « Il est donc de notre rôle de médecin généraliste d'intervenir auprès de ces femmes pour repérer, informer, accompagner ces victimes et leur permettre de sortir de l'isolement et de la culpabilité dans laquelle elles se trouvent », souligne-t-il. Inverser, en quelque sorte, le phénomène d'emprise dans lequel l'agresseur a enfermé sa victime : « Il l'isole, je me rapproche, elle n'est plus seule, je peux l'aider et la mettre en lien avec des associations, des partenaires ; il la dénigre, je la renarcissise ; il la culpabilise, je lui dis que c'est lui le responsable, je fais un rappel de la loi, etc. », préconise le membre du HCEfh.
Un travail en réseau
Le médecin ne doit pas rester seul dans l'accompagnement de ces patientes. « On travaille avec un réseau car notre rôle se limite à la santé »„, précise le Dr Lazimi. Psychologue ou psychiatre spécialisé en psycho-traumatologie, associations, avocat, assistante sociale, conseillère conjugale et familiale sont autant de partenaires avec lesquels le médecin sera amené à travailler pour permettre à la victime de sortir des violences. « Parfois, en deux, trois consultations, une fois que la parole a été libérée, les patientes sont déjà transformées », note le professionnel. Mais ce processus peut également prendre un peu plus de temps car, souligne le Dr Lazimi, « il faut donner le temps à ces femmes de redevenir actrices de leur vie. »
Manger du poisson ralentit la progression de la sclérose en plaques
La HAS publie des fiches outils pour accompagner les femmes face à l’alcool
Les opioïdes peropératoires aggravent la perception de la douleur après la chirurgie
Les suicides en hausse chez les jeunes femmes et les hommes âgés