LE PATRONAT belge a publié en 2006 un livre blanc au ton décomplexé. Le constat est simple : la Thaïlande, l’Inde, Singapour, la Suisse, l’Allemagne n’hésitent pas à attirer une patientèle internationale pour doper leur économie. Pourquoi pas la Belgique, aux hôpitaux surdimensionnés ?
La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a fait un calcul simple. Plutôt que de fermer des lits, mieux vaut les remplir avec des gens qui payent. À la clé des recettes, mais aussi des emplois. Objectif fixé : 100 000 patients étrangers accueillis chaque année. Plusieurs établissements universitaires ont répondu à l’appel et développé un marketing actif, avec le soutien patronal. Plaquette en papier glacé, centrale d’appel internationale, site Internet* multilingue (anglais, arabe, russe) avec prise de rendez-vous et présentation des centres d’excellence... L’industrie de santé belge y va aussi de son petit couplet. Des hôtels et la compagnie Lufthansa sont partenaires de l’opération.
La Libye envoie ses blessés de guerre à Bruxelles
Aujourd’hui, le rythme de croisière est jugé satisfaisant. La FEB confirme que cela rapporte, sans dire combien à l’échelle du pays. Le Dr Dominique Mortier, en charge du Moyen-Orient au sein de la structure « Healthcare Belgium », cite un exemple : « Un hôpital belge gagne un million d’euros par an grâce à un accord avec un hôpital du Koweit qui lui envoie des patients ». Certains Libyens blessés au combat s’envolent aussi pour la Belgique. « Tout est payé par l’État libyen, raconte le Dr Mortier. Nous n’abusons pas de la situation et nous appliquons des tarifs corrects, 2 à 2,5 fois le tarif Sécu. Cela permet à nos hôpitaux de vivre ».
À ce jour, sept hôpitaux - dont trois universitaires à Bruxelles - sont engagés dans la démarche. L’un d’eux a ouvert une aile VIP, avec chambres haut de gamme et restauration améliorée. Les autres ne réservent aucun traitement de faveur à cette patientèle particulière. C’est du reste l’obsession des autorités sanitaires : que le dispositif ne conduise pas à une médecine à deux vitesses.
Interpellée en 2011 par la sénatrice Dominique Tilmans, qui s’inquiétait d’« une forme de privatisation des soins », la ministre de la Santé Laurette Onkelinx déclarait n’avoir identifié à ce stade aucune liste d’attente pour les patients belges. Une ligne jaune qui ne saurait être dépassée, prévenait-elle.
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