La surdité, signe de vieillesse plus que la presbytie et les rides !

Publié le 30/09/2013
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Crédit photo : PHANIE

Une enquête TNS-Sofrès « marqueurs et perception de la séniorité en France » montre que près de la moitié des interviewés considère les troubles de l’audition comme un marqueur de l’âge senior, avant la presbytie et les rides. L’occasion de s’intéresser aux troubles de l’audition du sujet âgé avec le sociologue Michel Billé et le Dr Diane Lazard, chirurgien ORL.

L’enquête téléphonique menée auprès de 1 010 individus représentatifs (méthode des quotas) de plus de 15 ans, vivant en France, révèle que près de trois quarts des Français situent le seuil de « séniorité » à 59 ans, 20 % des hommes et 10 % des femmes fixent une limite plus précoce (à 50 ans) et 14 % des hommes et 24 % des femmes la repoussent vers 70-79 ans. Les marqueurs les plus fréquemment cités d’âge senior sont les troubles de la mémoire et de l’audition (respectivement 46 et 42 %) bien avant la vue (34 %) et les rides (26 %). Enfin, 75 % des interviewés savent ce qu’est un audioprothésiste et en donnent une définition incluant la notion de suivi régulier personnalisé.

Appareiller

Les difficultés de compréhension en milieu bruyant (restaurant, réunion…), premiers signes de surdité, devraient conduire à consulter un ORL, pour un bilan audiométrique. La presbyacousie s’accentue de façon exponentielle après 60 ans. Après 70 ans, 66 % des sujets en sont atteints. Or nombreux sont ceux qui tardent à consulter, compensant avec la lecture labiale, s’ils ne s’isolent pas. Le déclin cognitif est statistiquement lié à la surdité, mais le lien pourrait être indirect (isolement, dépression). Quoi qu’il en soit, plus l’appareillage bilatéral est effectué de façon précoce, moins la compréhension liée au vieillissement auditif se dégrade rapidement (et plus la chirurgie cochléaire, si elle s’avère nécessaire, a la chance de permettre une meilleure récupération), souligne le Dr Diane Lazard. Appareiller pourrait ralentir la réorganisation des voies auditives du système nerveux central. Le Dr Lazard rappelle l’importance de « prévenir les traumatismes sonores, sources de pertes auditives ».

La prévention de la vieillesse n’a pas de sens

Vieillir, souligne le sociologue Miche Billé, « c’est remanier son rapport au temps, au monde, aux autres et à soi-même ». Remanier son rapport au temps et au monde, c’est accepter de regarder la vieillesse, cette période séparant la vie de la mort, pour l’investir. La prévention de la vieillesse qu’agitent les publicités n’a, poursuit-il, aucun sens. Il serait au contraire plus sage d’accepter de vieillir : identifier les difficultés présentes, anticiper celles à venir, s’en occuper et les corriger pour continuer à interagir avec le monde et l’entourage. Or les difficultés de perception visuelles et auditives ne sont pas logées à la même enseigne. Mettre des lunettes adaptées à la vue « répare » en général le trouble de la vision et donne de l’allure au visage. Porter un appareillage auditif ne corrige le déficit auditif qu’au prix d’un apprentissage. De plus, loin d’être chic, il ringardise et stigmatise le vieillissement.

Consulter aux premiers signes de presbyacousie

Eduquer et améliorer le confort auditif représente 90 % de l’activité de l’audioprothésiste. Les patients ne doivent pas hésiter à retourner voir l’audioprothésiste (et si le contact n’est pas bon, ouvrir la porte du concurrent, même s’il n’a pas vendu la prothèse) pour effectuer des réglages : les prothèses n’ont rien à faire dans les tiroirs !

D’après la conférence de presse du Syndicat national des entreprises de l’audition, 27 septembre 2013

Dr SOPHIE PARIENTÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr