EN FRANCE, 500 000 patients sont aujourd’hui traités pour leur apnée du sommeil avec un appareil de PPC (pression positive continue). Permettant de réduire les effets indésirables ou morbides (somnolence diurne, accidents du travail, complications cardiovasculaires), cette prise en charge est considérée comme la plus efficace (comparée au traitement par orthèse avancée mandibulaire ou à la chirurgie) mais reste contraignante.
En pratique, la machine PPC doit être utilisée quotidiennement durant une période minimale de 3 à 4 heures au cours des périodes de sommeil. « Pour ressentir les bénéfices du traitement le patient doit donc s’habituer à porter ce masque la nuit, ce qui n’est pas toujours facile avec 20 à 33 % d’abandon au cours des quatre premiers mois », souligne le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée qui coordonne le projet Respir@dom. « Premier programme de télémédecine au monde associant à la fois la récupération des données en temps réel depuis les machines PPC et le support et l’accompagnement des patients, le projet Respir@dom va s’appuyer à la fois sur une plus grande réactivité des professionnels de santé, particulièrement des prestataires de santé à domicile, mais aussi du médecin prescripteur et sur une plus grande implication et un plus grand soutien du patient », résume le Dr Royant-Parola.
Actuellement, dans le champ des traitements par PPC, la réglementation en vigueur prévoit un suivi physique au domicile des patients. L’Assurance-maladie tient compte de la durée d’utilisation de l’appareil de PPC pour le remboursement de ces soins au demeurant coûteux (400 millions d’euros annuels). Les visites du technicien sont prises en charge par la sécurité sociale et ne sont obligatoires qu’à 5 mois puis tous les six mois. « Dans l’intervalle, il peut se passer beaucoup de choses chez le patient à la fois sur le plan technique, comme des fuites importantes ou sur le plan médical du fait d’une utilisation insuffisante », fait remarquer le Dr Royant-Parola.
Appareils communicants.
La clé de voûte du dispositif Respir@dom repose sur le système de GPRS (norme de téléphonie mobile dérivée du GSM) qui équipe les appareils de PPC. Devenues communicantes, ces machines sont alors en mesure d’envoyer leurs données tous les jours sur un serveur médical sécurisé, au sein du dossier médical sommeil (DMS) du réseau Morphée. L’ensemble des données envoyées par l’appareil de PPC - durée d’utilisation pendant la nuit, existence ou non de fuites, évaluation des apnées résiduelles, données rentrées par le patient sur son ressenti - est analysé automatiquement dans le DMS et peut donner lieu à des alertes techniques et cliniques. Le prestataire de santé peut alors déclencher une action afin de corriger le problème (appel téléphonique au patient, intervention à domicile, changement de matériel). Le médecin peut également être prévenu dans un second temps soit pour modifier à distance une prescription après échange avec le patient et/ou le prestataire, soit pour revoir le patient en consultation. De son côté, le patient est informé des alertes envoyées. Il dispose sur son espace sécurisé du suivi de son traitement et de messages d’encouragement ciblés sur les difficultés qu’il rencontre.
Serious game.
Le patient bénéficie par ailleurs d’un support en ligne accessible via le portail de Respir@dom (www.respiradom.fr) qui propose des informations sur l’apnée du sommeil et ses traitements, un forum modéré par des spécialistes du sommeil, ainsi qu’un « serious game » qui permet de faire avancer le joueur dans la connaissance de la pathologie. Lancé le 1er décembre 2010 avec le soutien de la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS) et par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, le projet Respir@dom s’est construit sous l’impulsion d’un consortium composé notamment du réseau Morphée de l’AP-HP et de diverses entreprises.
Ce programme de télémédecine va d’abord être réservé à 200 patients suivis au sein de dix centres de la région parisienne, dans le cadre d’une étude médico-économique programmée entre la fin du mois de janvier et le 30 novembre 2013. Au cours de cette phase, tous les surcoûts seront pris en charge par le financement de la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS) qui s’élève à 850 000 euros. Les promoteurs du projet attendent des économies substantielles pour la collectivité. En cas de résultats concluants, le dispositif Respir@dom sera ouvert au niveau national à différents prestataires. Le Réseau Morphée travaille par ailleurs sur un mode de financement pérenne incluant les mutuelles en sus d’une prise en charge par l’assurance-maladie.
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