VILLENEUVE LE ROI (94)
DR JEAN NOËL CHAUVEAU
Il y a 37 ans que j’exerce et que je vois chaque jour mes conditions d’exercice se dégrader, mes moyens d’existence s’éroder et la considération que l’on me porte s’évaporer. Il est temps peut-être d’en tirer un constat que j’ai bien du mal à admettre, mais il faudra faire avec. Nous avons collectivement perdu la bataille contre la sécurité sociale. Je ne veux même pas faire le procès de politiques dont la démagogie est la seule politique, de syndicats de médecins inconsistants et qui surtout évitent les choses qui fâchent (et la confrontation directe avec la sécurité sociale au tribunal) et d’une sécurité sociale tellement victorieuse que son arrogance éclatante n’a pour égal que l’incompétence de son personnel, son inefficacité et son coût. Je n’ajouterai (à mon grand désespoir) rien sur l’Ordre, qui non seulement ne nous défend pas, mais nous encourage à baisser la tête devant les institutions.
Il se trouve d’ailleurs que j’ai été traîné au Conseil régional de l’Ordre, où j’ai gagné contre un
patient qui a été condamné à une amende : je n’ai bien sûr pas obtenu de dommages et intérêts et on m’a fait comprendre qu’il serait indécent d’en demander après une année de formalités diverses et variées…
Nous avons perdu et cette défaite me paraît irrémédiable. Néanmoins, je voudrais dire que cette victoire de la sécurité sociale m’apparaît bien être une victoire à la Pyrrhus : en effet, comme vous pouvez tous le
constater, nos jeunes confrères refusent de s’installer en ville ou dans les campagnes. Ils font ce que font tous les opprimés, ils votent avec leurs pieds et fuient un mode d’exercice qui s’apparente de plus en plus à de l’esclavage. Je me réjouis à la pensée que bientôt, notre bonne vieille sécurité sociale n’aura plus personne à opprimer. Je ne sais pas comment seront soignés les Français, mais après tout ce sera leur problème.
La coercition, les menaces et la réglementation, les taxes, les impôts, les URSSAFF, les brimades et les vexations, la croissance et la complexification exponentielles des paperasses et des procédures auront eu plus sûrement raison des jeunes vocations que l’épuisement au travail. Louis XIV avait fait fuir les protestants, Mitterrand les riches, au tour de nos politiques de faire fuir les médecins libéraux. Et contrairement à ce que nous assène le conseil de l’Ordre dans son dernier bulletin sur les causes de la
désaffection des jeunes pour la médecine générale, je persiste à penser que le diagnostic est totalement erroné. Les jeunes médecins sont les contemporains de leurs contemporains et non les nôtres : ils veulent, comme leurs contemporains, travailler 35 heures par semaine, avoir 8 à 9 semaines de RTT en plus des vacances et des vrais week-ends de repos, une vraie protection sociale et en plus, au terme d’études très longues et très sélectives et d’années d’exploitation sans vergogne par l’hôpital, ils veulent des revenus à la hauteur de leur investissement tant psychologique qu’en travail.
Je n’ajouterai qu’un mot pour la médecine générale libérale : "requiescat in pace"
Sur l’ouvrage de Guy Richet
PARIS
DR MARIE-CHRISTINE DELORME
Abonnée de très longue date et catholique pratiquante, je souhaite réagir aux propos d’André Massé-Stamberger à propos de l’ouvrage de Guy Richet" les racines de notre Europe sont-elles chrétiennes et musulmanes ".
Je relève : "le livre exhibe la hargne de révolte qui anime les propos du Christ :" amenez ici mes ennemis et tuez -les en ma présence". La référence (Luc 19, 12-27) se rapporte au récit d’une parabole, c’est-à-dire d’un petit conte philosophique, que raconte Jésus et dans laquelle il fait tenir ce propos à l’un des personnages.
Cela me parait un exemple typique d’une phrase que l’on déconnecte totalement de son contexte.
Lorsque le Christ parle " au premier degré", il dit :" Aimez-vous les uns les autres", " Heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les artisans de Paix""
Il n’existe aucune " hargne de révolte " dans ce texte.
Je ne souhaite nullement polémiquer avec l’auteur, mais souligner combien le propos du journaliste/c’est lui qui évoque"la hargne de révolte qui anime le Christ" peut choquer ceux des lecteurs qui engagent toute leur vie, tant personnelle et professionnelle sur la confiance en un Dieu qui n’est qu’Amour.
« Titanic »
LE VESINET (78)
DR BERNARD KRON
Non, M. le Président, votre bilan en matière de politique de santé n’est pas bon, car vous avez négligé
le volet libéral de la médecine.
L’intégrisme des lois sur la protection des malades et certaines fausses “bonnes idées?? de la réforme de notre système de santé le détruit.
Le numerus clausus, le blocage des honoraires et la multiplication des contraintes ne peuvent qu’aggraver la situation.
La socialisation de la médecine privée, est la même erreur de conception que celle qui a amené les 35 heures, qui ruinent l’hôpital.
La chirurgie, comme la médecine générale est menacée d’une grave pénurie. Elles devraient faire l’objet d’une attention particulière.
La santé, puissant moteur économique, est source de richesses. Elle ne doit plus être bridée par la toute puissante administration et un État centralisateur qui secrètent leurs propres dépenses en multipliant les structures, au détriment de la qualité des soins. La chirurgie éclatée en une dizaine de spécialités connaît une spécialisation excessive, sous prétexte d’une sécurité qui n’est pas au rendez-vous. Cette segmentation menace sa pérennité, les spécialités lourdes n’étant plus choisies par les futurs chirurgiens. La chirurgie libérale a été délibérément sacrifiée.
Le mot grec " TEITAN " désigne les divinités géantes. Il est à l’origine du mot « TITANIC ». Teitan est également la forme chaldéenne de Sheitan, nom sous lequel Satan était désigné dans les temps anciens.
Il n’y a pas loin du paradis à l’enfer avec la loi HSPT et la Loi Fourcade malheureusement amendée par l’opposition centriste !
Elles compliquent un système déjà par trop administré et transforment en enfer l’exercice libéral de la médecine. « Supprimer le mandarinat et vous aurez des petites mandarines », disait-on, à l’issu de la crise de Mai 68… Nous récoltons maintenant les gros pépins ! Le consumérisme et les lois sur la protection des malades ont bouleversé l’exercice de la médecine avec une inflation des obligations, sans contrepartie financière. Elles n’ont fait que détériorer un peu plus la qualité des soins et rendre moins accessibles les médecins de proximité.
On veut tendre vers une médecine « zéro défaut », alors que les accidents médicamenteux, de radiothérapie et les retards diagnostics se multiplient à l’hôpital, faute d’un nombre de personnels spécialisés bien formés. On accrédite les chirurgiens, mais on est incapable de dire s’ils seront « compétents » et bien formés.
On fixe des quotas en cancérologie, ce qui empêchera des chirurgiens compétents d’opérer ces patients en dehors des centres accrédités.
L’État décrète, légifère, impose des normes, crée de nouvelles entités qui paralysent le système libéral. Après la FMC, le CAPI, la DPC, l’ECPP, la HAS, l’INCA, le CNC, la CISS, la HALDE, les URM et les ARH
arrivent les ARSA, la nouvelle gouvernance et les communautés hospitalières. Comment faire plus compliqué !
La médecine doit sortir de l’emprise des tutelles. Cette « machine » accomplit la tâche ruineuse pour laquelle elle a été mise en place. Elle secrète ses propres services, développe ses systèmes sans se rendre compte qu’elle stérilise la médecine. Il faut redonner à nos enfants l’envie de s’investir dans ces métiers qui ont cessé d’être attractifs et prestigieux pour devenir trop pesants.
Tout le système doit être revu en le simplifiant et en le modernisant.
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