Chez les personnes âgées, « la vie en institution peut être considérée comme une barrière pour le recours au chirurgien-dentiste », conclut une nouvelle étude publiée dans le BEH. Cosignée par Sophie Thiébaut, Laurence Lupi-Pégurier, Alain Paraponaris et Bruno Ventelou (de l’Observatoire régional de la santé Provence - Alpes-Côte d’Azur), l’étude a comparé le recours à un chirurgien-dentiste chez les personnes âgées de 60 ans et plus, institutionnalisées (en EHPAD ou maisons de retraite) et chez celles vivant à domicile, à partir d’un sous-échantillon de 3 358 sujets issu de l’enquête Handicap-Santé conduite en 2008-2009 par l’INSEE et la DREES. D’après cette étude, « alors que près de la moitié des résidents déclarent avoir perdu toutes leurs dents ou presque, ou porter un dentier », nécessitant un suivi régulier, « la vie en institution réduirait le recours au chirurgien-dentiste de près de 25 % ».
Statut de l’établissement et âge
Le statut de l’établissement a son importance puisque « les pensionnaires d’établissements publics et privés à but lucratif ont 30 % de chances de moins de recourir à un chirurgien-dentiste par rapport aux personnes qui vivent à domicile ». L’âge joue aussi un rôle avec une probabilité de recours à chirurgien-dentiste « nettement diminuée pour les personnes de plus de 85 ans ». Ainsi, « les sujets de plus de 85 ans ont notamment 2 fois moins de chances d’accéder aux soins bucco-dentaires que ceux de 60 ans ». Pour les auteurs de l’étude, ce moindre niveau de recours aux soins bucco-dentaires s’expliquerait en partie par « l’absence de personne accompagnante prête à conduire les seniors chez le dentiste » ou par « un certain fatalisme vis-à-vis de la santé orale, jugée comme moins importante que la santé générale ».
Créer des réseaux adaptés
En outre, les troubles cognitifs affectant les personnes résidant en institution sont également susceptibles de les rendre « moins conscients de leurs besoins et, dès lors, moins demandeurs de soins ». Certaines personnes peuvent aussi manifester une volonté de ne pas subir de soins bucco-dentaires perçus comme pénibles. Enfin, le personnel infirmier a tendance à sous-estimer l’importance de la santé orale et « se montre souvent réticent vis-à-vis des soins de bouche, perçus comme peu gratifiants », résument les auteurs de l’étude. Rappelant que « l’hygiène bucco-dentaire doit être assumée au quotidien par les soignants (…) tandis que les autres actes relèvent obligatoirement de la compétence d’un chirurgien-dentiste », les auteurs considèrent que l’organisation de ces soins « passe probablement par la mise en place de réseaux adaptés et par l’intégration de chirurgiens-dentistes aux réseaux gérontologiques ».
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