« Les grandes chaînes d’audioprothèses et… d’optique ne cessent de faire diffuser sur les ondes radiophoniques et télévisuelles ou dans les pages géantes de grands quotidiens de la presse des spots publicitaires proposant une évaluation gratuite de l’audition », constate l’Académie nationale de médecine qui entend aujourd’hui alerter les pouvoirs publics sur « la dérive marchande du secteur de l’audioprothèse, (...) les dangers d’une privatisation de ce secteur paramédical, et (...) les risques majeurs de dé-médicalisation de la prise en charge de la surdité ».
6 millions de personnes
Tandis que la surdité affecte aujourd’hui en France près de 6 millions de personnes, le taux de pénétration de l’appareillage auditif de la population malentendante n’est que de 30 à 40 % sur notre territoire. Face à de telles perspectives de croissance, le secteur paramédical tend à développer des tests de dépistages gratuits mais non dénués d’une certaine pensée mercantile. « Il est plus qu’à craindre que la découverte d’un éventuel déficit se verra immédiatement accompagnée d’une proposition d’aides auditives » vendues sans ordonnances, à un prix « certes bien inférieur à celui d’une prothèse conventionnelle mais sans le service après qu’assure l’achat d’un appareillage testé, réglé et délivré par l’audioprothésiste », écrit le Pr Patrice Tran Ba Huy, membre de l’Académie, dans une communication adoptée mardi dernier en séance plénière. Il souligne surtout « le risque majeur de voir appareiller une pathologie relevant d’un traitement réellement étiologique sans qu’un bilan otologique ni un diagnostic précis n’aient été entrepris et posé par un médecin spécialiste au fait des avancées otologiques les plus récentes ».
Haro sur les nouvelles écoles d’audioprothèses
Par ailleurs, « dans la droite ligne de cette dérive marchande, des demandes de création d’écoles d’audioprothèses soutenues par de grandes enseignes d’audioprothèse ou institut d’optique sont actuellement soumises ou en voie de l’être aux tutelles universitaires ». Or, la création de ces établissements s’avère « nullement justifiée » dans la mesure où « la formation actuelle délivrée par les cinq écoles » reste « apparemment satisfaisante, quoique naturellement perfectible » et que « le nombre actuel de diplômés suffit à couvrir les besoins de la population », considère l’Académie qui recommande aux pouvoirs publics de ne pas autoriser l’ouverture de nouvelles écoles tout en instaurant un « numerus clausus » des diplômés en audioprothèses.
L’Académie nationale de médecine souhaite enfin que « soit rappelé à la population malentendante, qu’une surdité dépistée à l’occasion d’un test gratuit doit être confirmée par un bilan audiométrique effectué par un médecin spécialiste et que la prescription d’un appareillage auditif, quel qu’en soit le type, relève de ce dernier ».
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