« L’accessibilité des cabinets n’est pas un obstacle insurmontable », affirme une députée PS

Publié le 22/10/2014

Martine Carrillon-Couvreur, députée socialiste de la Nièvre et présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), estime que la mise en conformité des cabinets médicaux pour les rendre accessibles aux personnes handicapées est un enjeu primordial. « Il existe des solutions : l’accessibilité n’est pas un obstacle insurmontable, les médecins ne doivent pas y voir qu’une contrainte », a-t-elle affirmé ce matin*.

L’ordonnance du 27 septembre 2014, complétant la loi handicap du 11 février 2005 sur l’accessibilité universelle, accorde des délais de 3 ans (notamment pour les cabinets médicaux) à 6, voire 9 ans pour la mise aux normes du bâti, via les agendas d’accessibilité programmée (Ad’AP).

Initiatives locales

La parlementaire a observé les craintes et les réticences de la profession sur ce sujet. Le directeur général de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, Claude Évin, déclarait encore ce mardi 21 octobre, lors d’une conférence sur l’installation des libéraux : « Pour l’accessibilité, je n’ai pas de crédits, pas de solution. »

Martine Carrillon-Couvreur, fine connaisseuse du monde du handicap – elle a travaillé plus de 20 ans comme chef de service puis directrice d’établissement médico-social –, ne se paie pas de mot. Elle a en effet mis dès 2013 sa réserve parlementaire à disposition des mairies pour les accompagner dans la mise en accessibilité des bâtiments publics.

La vice-présidente de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale suit avec attention les initiatives locales dans son département. « Des médecins n’ont pas attendu pour aménager leurs locaux, certains ont déjà trouvé des solutions pour accueillir leur patientèle, quitte à déménager », constate Martine Carrillon-Couvreur. Dans les départements, les préfectures auront des services dédiés à l’accompagnement des professionnels, rappelle-t-elle.

À rebours des discours alarmistes, la députée incite plutôt les médecins à réfléchir à l’avenir de leur patientèle, qui inéluctablement vieillit. Et même si l’ordonnance sur l’accessibilité est en deçà des attentes des associations de personnes handicapées, qui dénoncent de trop nombreuses dérogations, elle a au moins le mérite de conduire les libéraux à s’interroger, selon elle.

La formation des médecins à renforcer

Martine Carrillon-Couvreur s’inquiète également des lacunes de la formation des médecins sur le handicap. « On ne va pas y arriver s’il n’y a pas de volet dédié au handicap dans les études médicales, et si les futurs médecins ne se sont pas mis à son contact lors de stage, par exemple », a-t-elle déclaré. « Certains jeunes médecins sont démunis, ils sont parfois mal à l’aise face à une personne handicapée », poursuit-elle.

Plus largement, c’est l’ensemble de la société qui est appelée à concentrer ses efforts sur l’accessibilité. « La France a encore du chemin à faire », conclut la députée.

* Asclépiades organisées par « Décision Santé ».

Coline Garré

Source : lequotidiendumedecin.fr