Le déremboursement des anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) a été officialisé au « J.O. » du 21 janvier (décret du 16/01/2015). « La commission de transparence a estimé que les médicaments relevant du présent arrêté présentaient un service médical rendu insuffisant pour un maintien sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux », est-il précisé. L’Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR) qui avait déjà contesté l’avis de la Haute autorité de santé (HAS), exprime de nouveau son profond désaccord et sa déception à l’annonce de cette décision qui prendra effet le 1er mars 2015. Les traitements pharmacologiques de l’arthrose (paracétamol, AINS) « ont une efficacité faible à modérée par rapport au placebo, mais ils figurent dans toutes les recommandations des sociétés savantes car ils soulagent les patients et améliorent leur qualité de vie. C’est ce qui se passe pour les 1,5 million de patients qui prennent des AASAL », souligne le Dr Laurent Grange, rhumatologue et président de l’AFLAR.
Deux ans de démarches auprès de la ministre
Plus de 148 000 personnes ont signé la pétition lancée par l’AFLAR pour dire « Non au déremboursement des traitements de l’arthrose » sur le site http://www.stop-arthrose.org/petition. « Nombre d’entre elles ont tenu à apporter leur témoignage », indique le Dr Grange. Depuis deux ans, l’AFLAR demande officiellement à la ministre de la Santé Marisol Touraine, la création d’un groupe d’experts indépendants pour mener une étude d’impact sur les risques de transfert de prescriptions, notamment en termes d’effets indésirables, de mortalité et de coûts. « Combien coûtera réellement à l’Assurance-maladie le transfert de 10, 20, 30 % de prescriptions d’AASAL vers le paracétamol ou les AINS ? Ce groupe de travail peut rendre ses conclusions en six mois sans perte de chance pour l’État qui prendra sa décision de manière éclairée. Après deux ans de demande d’entretiens au ministère de la santé, nous avons été reçus deux fois au printemps dernier par un conseiller. Ils ont pris en compte nos considérations mais elles n’ont pas abouti », poursuit le Dr Grange.
Quelles conséquences pour le patient ?
L’association s’inquiète de voir les prix des médicaments augmenter et l’accès aux soins limité. « Lors d’un remboursement, les ventes chutent de 50 à 80 %. Pour faire face à cette baisse, le fabricant augmente son prix. Comme le médicament n’est plus remboursable, sa TVA passe de 2,1 % à 10 %. Par ailleurs, la marge des pharmaciens est aussi plus importante. Enfin une partie des malades va se reporter sur d’autres thérapies, pas toujours appropriées médicalement », explique le Pr Claude Le Pen, économiste de santé, lors de la table ronde d’octobre 2014 consacrée au sujet. Sans oublier le retentissement que cette décision aura sur la qualité de vie des patients. L’AFLAR redoute avant tout un transfert de prescription vers d’autres actes médicaux plus chers et inappropriés. « Il peut y avoir un mésusage sur d’autres médicaments comme les AINS ou alors une surconsommation qui entraînera des risques de complications pour le patient », conclut le Dr Grange. Les conséquences du déremboursement n’ont encore jamais fait l’objet d’une évaluation par les pouvoirs publics.
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