Plus de 82 % des Français veulent que dans les stades, sous les abribus, dans les files d’attentes ou aux abords des établissements scolaires, « les personnes soient protégées de la fumée du tabac ». Ils sont même 95 % à estimer que cela devrait aussi être le cas en voiture, si un enfant est à bord. Tels sont les résultats d’un sondage IPSOS réalisé en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 adultes, à la demande de l’Alliance contre le tabac, à la veille de la journée mondiale sans tabac du 31 mai.
« La fumée de cigarette semble gêner de plus en plus les Français », assure Yves Bur, le président cette coalition d’associations qui regroupe une trentaine d’organisations. L’ancien député UMP, chirurgien-dentiste de profession, qui présentait cette semaine à l’Assemblée nationale les résultats du sondage, se prévalant de l’adhésion massive des personnes interrogées à un renforcement de la lutte contre le tabac, a demandé au gouvernement des mesures fortes et coordonnées.
L’Alliance en profite pour énoncer ses priorités, sur un ton combatif : rappelant que le tabac tue environ 73 000 personnes par an, Yves Bur exige que soit mis fin à « l’indifférence publique », voire à la « complicité publique ». Se sentant soutenu par l’opinion, il tonne : « Nous ne voulons pas d’un Plan national de réduction du tabagisme qui bavarde. »
Extension du domaine de l’interdiction de fumer
S’il était élaboré par l’Alliance, le plan aurait des objectifs ambitieux : réduction du nombre de fumeurs d’un tiers en dix ans. Pour les moins de 25 ans, des efforts particuliers seraient menés, et le nombre d’utilisateurs de la cigarette devrait baisser de moitié.
Un plan conçu par l’Alliance étendrait l’interdiction de fumer aux voitures où se trouvent des enfants, aux aires de jeux, à la sortie des écoles... En un mot, il « dénormaliserait » le tabac. Comme l’explique Emmanuel Ricard, délégué à la prévention de la Ligue contre le Cancer (l’une des associations membres de l’Alliance), le fumeur est devenu le principal facteur de marketing de l’industrie du tabac. Le soustraire au regard des enfants, c’est éviter que ceux-ci ne commencent à fumer.
L’Alliance contre le tabac encourage aussi le gouvernement à mettre rapidement en place le paquet de cigarettes neutre standardisé, « sans le moindre espace pour le marketing », explique Yves Bur. Finies les jolies couleurs qui donnent envie de fumer : le paquet devrait être gris et ne présenter que le nom de la marque. Les messages et images de santé publique devraient occuper 65 % de sa surface, en haut.
Un programme volontariste, donc, résolument tourné contre l’industrie du tabac. L’Alliance va jusqu’à préconiser d’interdire à cette dernière toute forme de mécénat culturel. Reste à savoir si, en cette période de tension budgétaire extrême, l’État et la Sécurité sociale pourront se payer le luxe de tirer un trait sur les recettes fiscales que la fumée leur rapporte.
Dans le cadre du Plan cancer annoncé en février dernier par le président de la République, le ministère des Affaires sociales et de la Santé doit remettre avant l’été, un Programme national de réduction du tabagisme. Le dernier bilan 2004-2014 publié par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) montre que la dernière décennie marquée par des augmentations des prix (fortes en 2003 et 2004 puis plus progressives), les mesures d’interdiction de vente aux mineurs et d’usage dans les lieux publics a entraîné une baisse de la prévalence du tabac mais qui reste à un niveau élevé.
Cette baisse a été amplifiée par l’émergence de la cigarette électronique dont l’utilisation (8 à 9 millions d’expérimentateurs) pose certaines questions en termes de santé publique. Le rapport bénéfices/risques à plus long terme reste mal connu et l’absence actuelle d’interdiction dans les lieux publics pourrait contribuer à « renormaliser » l’acte de fumer. Les paquets neutres et l'interdiction de vapoter dans les lieux publics figurent parmi les mesures qui pourraient être annoncées dans le programme national ou dans le projet de loi relatif à la politique de santé que doit dévoiler le ministère de la Santé le 17 juin prochain.
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