Au cœur de la semaine pour les alternatives aux pesticides, trois associations militantes - Agir pour l’environnement, Générations futures et l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) - lancent, aux côtés de parlementaires, un comité d’élus destinés à soutenir localement les bonnes pratiques dans ce domaine.
« Le but est de pouvoir rassembler un certain nombre d’élus pour nous réunir autour d’initiatives et réellement arriver à une réduction de l’utilisation des pesticides » tout en promouvant des alternatives viables (agriculture bio, préparations naturelles peu préoccupantes, agroforesterie, variétés adaptées aux milieux, restauration des écosystèmes régulateurs…), résume François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Les élus de tous bords sont ainsi invités à signer une charte pour rejoindre ce mouvement naissant.
Passer de la parole aux actes
Après la publication en octobre 2012 du rapport de la mission sénatoriale sur les pesticides et la tenue en janvier dernier d’un débat en séance à la Haute Assemblée, ces associations et élus engagés souhaitent profiter de l’actuelle dynamique parlementaire pour dépasser le stade des grands discours.
« Cette initiative vise à ce que tous les élus s’engagent au travers de cette charte à mener toutes les actions possibles en associant l’ensemble des partis pour faire en sorte que l’on puisse enfin avoir une politique active d’alternatives aux pesticides », déclare Denis Baupin, député écologiste de Paris. « Alors que depuis de nombreuses années, tout le monde tire la sonnette d’alarme et que des lois ont été adoptées pour réduire la quantité de pesticides utilisée, on constate que la situation ne cesse de s’aggraver », poursuit le député.
La France loin du compte
À la suite du Grenelle de l’environnement de 2007, le plan Ecophyto ambitionnait de réduire de 50 % l’usage des produits phytosanitaires sur notre territoire à l’horizon 2018. Premier pays européen utilisateur de pesticides et troisième au monde derrière les États-Unis et le Japon, la France reste aujourd’hui très loin de cette feuille de route, avec 62 700 tonnes de matière active vendue en 2011, soit une augmentation de 1,3 %.
Tandis que le projet de loi d’avenir pour l’agriculture attendu à la fin du semestre s’attellera notamment à la problématique des pesticides, le sénateur écologiste du Morbihan, Joël Labbé travaille par ailleurs sur une proposition de loi visant à interdire l’utilisation de ces produits sur l’ensemble des espaces publics des collectivités territoriales d’ici à 2018. S’agissant des jardins particuliers, ce texte proposera également l’interdiction des pesticides à la vente au détail dans les commerces pour les non-professionnels.
Dans le cadre de la semaine pour les alternatives aux pesticides, des médecins limousins ont récemment lancé un appel qui exhorte leur Conseil régional à s’engager « vers l’objectif d’une réduction de 50 % des pesticides » d’ici à 2020. « Quand on a lancé cet appel le 15 mars en le faisant suivre de bouche à oreille, on était 80. Aujourd’hui nous sommes 120. Cela traduit une réelle prise de conscience car beaucoup de voyants sanitaires sont au rouge », indique le Dr Pierre-Michel Perinaud , médecin généraliste qui fait partie des initiateurs de cet appel.
« Nous ne cherchons pas à montrer du doigt une profession, mais chacun doit prendre ses responsabilités. À nous d’assumer les nôtres en alertant sur les dangers de ces produits, particulièrement pour certaines catégories de la population (ceux qui y sont le plus exposés, ainsi que les femmes enceintes et les enfants) », soutiennent les médecins signataires de l’appel. Les praticiens du Limousin intéressés par cette initiative peuvent contacter le Dr Perinaud à l’adresse suivante : pierre-michel.perinaud@orange.fr
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