Dans un avis publié ce mardi 1er octobre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail (ANSES) alerte sur les modes de consommation des boissons dites énergisantes (BDE). Ces produits, des sodas enrichis en caféine, taurine, glucuronolactone, vitamines du groupe B ou ginseng, sont commercialisés depuis 2008 et séduisent 9 millions de Français de plus de 14 ans. N’obéissant à aucune réglementation spécifique, elles ont comme point commun leur concentration importante de caféine, qui, pour une canette de 250 ml, représente l’équivalent de deux expressos.
Effet cocktail
Si en elles-mêmes elles ne sont pas dangereuses, « lorsqu’elles sont associées à l’alcool ou au sport, elles peuvent générer des accidents cardiaques graves surtout chez des personnes avec des prédispositions génétiques qui ne sont pas diagnostiquées », alerte Marc Mortureux, directeur de l’ANSES.
Les experts de l’agence se sont penchés sur plus de 200 cas d’effets indésirables qui lui sont remontés depuis 2012. Les symptômes observés sont d’ordre cardio-vasculaire, psychocomportemental, neurologique, mais aussi gastroentérologique, respiratoire, néphrologique et hématologique.
Huit cas d’arrêts cardiaques ont notamment été signalés à l’ANSES, dont un où l’imputabilité est très vraisemblable. Il s’agit d’un cas de mort subite chez une fille de 16 ans, qui venait de s’arrêter de danser en boîte de nuit. Les analyses toxicologiques ont révélé 2,4 mg/l de caféine et 0,86 g/l d’alcool dans le sang. L’autopsie a démontré une dysfonction du rythme cardiaque. « On ne constate pas forcément des doses massives de BDE. C’est l’association avec d’autres facteurs de risques (canalopathies non diagnostiquées, hypokaliémie, tachycardie, médicament, exercice, alcool) qui est néfaste », commente le Pr Irène Margaritis, chef d’unité à l’ANSES.
Enfants, femmes et malades
Les nouveaux modes de consommation de caféine impliqués par les BDE sont particulièrement à risques. Ainsi 16 % de buveurs de boissons énergisantes les associent à de l’alcool. « Cela entraîne une réduction de la perception de l’intoxication alcoolique, et une surestimation des capacités de la personne », explique l’expert.
Plus de 40 % des consommateurs de BDE pratiquent une activité physique qui peut provoquer des accidents de chaleur : pertes hydroélectrolytiques, déshydratation, altération de la thermorégulation...
Enfin, 32 % des Français boivent ces boissons dans un contexte festif qui concentre chaleur, sport et alcool.
L’ANSES appelle donc les Français à éviter ces associations, notamment les populations à risque, comme les enfants et les adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes souffrant de troubles psychiatriques, et les métaboliseurs lents à la caféine.
Plus d’informations à venir dans l’édition papier du jeudi 3 octobre.
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