DANS LA DROITE ligne des avis émis par l’AFSSA depuis 2008 sur le bisphénol A (BPA), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a rendu public mardi deux rapports* qui font le point sur les effets sanitaires du produit en incluant les études les plus récentes (près de 70 ont été analysées dans le détail). Avec ces nouvelles publications, la position de l’agence vis-à-vis du BPA n’a qu’en partie changé : l’analyse de la littérature internationale met en évidence des effets sanitaires « avérés chez l’animal et suspectés chez l’homme », et ce – grande nouveauté dans les conclusions de l’ANSES – « même à de faibles niveaux d’exposition ». Chez l’animal, des effets sur la reproduction, sur la glande mammaire, sur le métabolisme, le cerveau et le comportement sont mis en évidence par la somme d’études scientifiques actuellement disponibles. Chez l’homme, des effets sur la reproduction, sur le métabolisme des sucres et des graisses, ainsi que des pathologies cardiovasculaires restent notamment suspectés. L’ensemble de ces effets a été constaté « à des doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à des fins réglementaires » (la dose journalière tolérable est fixée à 50 µg/Kg/J), particulièrement « lors de certaines périodes de la vie correspondant à des périodes de susceptibilité aux effets du bisphénol A (grossesse, périodes pré et postnatale) ».
Normes à réviser.
Pour Marc Mortureux, directeur général de l’ANSES « l’expertise de l’agence sur le BPA n’est pas finie », ces rapports ne constituant aujourd’hui qu’« une étape ». Il reste encore beaucoup à faire avant d’aboutir à « une véritable évaluation du risque » du BPA sur la santé.
L’agence considère aujourd’hui « disposer suffisamment d’éléments scientifiques pour identifier d’ores et déjà comme objectif prioritaire la prévention des expositions des populations les plus sensibles », à savoir les nourrissons, les jeunes enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Pour l’ANSES, le principe de précaution impose de réduire l’exposition de ces populations identifiées comme à risque en mettant en place des moyens de substitution du bisphénol A dans les matériaux au contact des denrées alimentaires. « Mais il faut s’assurer que les produits de substitution en cours de développement ne présentent pas le même type de risque, voire éventuellement davantage », poursuit Marc Mortureux. Souhaitant avancer sur ce dossier, l’agence lance un appel aux industriels afin de recueillir d’ici au 30 novembre, « toute donnée scientifique concernant (…) les produits de substitution disponibles et les données relatives à leur innocuité et leur efficacité ». L’objectif étant de « récolter un maximum d’informations concrètes sur l’état d’avancement du développement des produits de substitution au BPA. Dans le cadre d’un avis prévu au début de 2012, nous souhaitons fournir aux pouvoirs publics l’ensemble des éléments nécessaires et utiles pour mettre en place un calendrier concret de substitution », précise le directeur général de l’ANSES. « Notre message étant toujours très ciblé, de façon pragmatique sur les usages qui représentent les plus grandes sources d’exposition pour les populations sensibles », insiste-t-il. L’ANSES va par ailleurs transmettre ses travaux sur le bisphénol A aux instances européennes (EFSA pour l’alimentation, ECHA pour les produits chimiques…) « en vue d’examiner la pertinence d’une révision des doses de référence utilisées à des fins réglementaires ».
L’agence réitère par ailleurs ses recommandations formulées en 2010 en matière d’information du consommateur sur les produits contenant du bisphénol A et offrir ainsi aux populations les plus sensibles, « la possibilité de savoir et d’adapter en conséquence les comportements », indique Marc Mortureux.
* Effets sanitaires du bisphénol A (rapport d’expertise collective) ; Connaissances relatives aux usages du bisphénol A (rapport d’étude), disponibles sur le site Internet www.anses.fr.
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