La ministre de la Santé ne suivra pas les conclusions de la HAS. La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé lui avait recommandé de restreindre le remboursement du nalmefène, en le limitant aux prescriptions des seuls spécialistes en addictologie ou alcoologie et aux médecins des CSAPA.
Avec une AMM (autorisation de mise sur le marché) délivrée en février 2013 par l’Agence européenne du médicament (EAM), ce médicament indiqué dans l’aide au sevrage alcoolique pouvait donc être prescrit par les généralistes, mais sans bénéficier du remboursement. Pour justifier cette restriction, la HAS avait mis en avant « la nécessité d’un accompagnement psychosocial », soulignant que les patients concernés présentaient « une dépendance à l’alcool avec consommation à risque élevée ».
Un enjeu majeur dans la stratégie nationale de santé
Au final, Marisol Touraine a tranché. Rappelant « les 8 millions de personnes concernées, les 50 000 morts directes ou indirectes par an », elle a souligné que la lutte contre l’alcoolodépendance est « un enjeu majeur dans la stratégie nationale de santé » et a donc décidé de donner « à tous les médecins, spécialistes ou généralistes, la possibilité de prescrire le nalmefène », insistant sur sa volonté de « faire des médecins généralistes le pivot du système de santé ».
C’est le Dr Dominique Orliac, députée du Lot (radical de gauche), qui l’a interpellée dans le cadre des questions orales, mercredi 26 février, à l’Assemblée nationale, lui demandant « comment elle pourrait soustraire de la solidarité nationale le remboursement d’un traitement prescrit par un généraliste, alors que ce traitement présente un intérêt essentiel pour lutter contre l’alcoolisme et miser, par là même, sur la prévention des violences intrafamiliales, des violences routières, de cancers, de maladies neurologiques et digestives dont le coût humain et financier est considérable. »
Le mois dernier, le Pr Didier Sicard, président d’honneur du CCNE (Comité consultatif national d’éthique) avait dénoncé « la frilosité des autorités de santé dans la gestion des dossiers baclofène et nalmefène ». « Nous sommes parfaitement conscients que le nalmefène apporte beaucoup d’espoir avec une stratégie de prise en charge nouvelle et intéressante, avait déclaré en réponse au « Quotidien » le Dr Anne d’Andon, chef du service d’évaluation du médicament de la HAS, soulignant « la nécessité de rester prudent », alors qu’elle ne pouvait pas « mettre (sa) main à couper sur l’efficacité réelle de ces traitements ». À cette stratégie, Marisol Touraine a choisi d’apporter un désaveu cinglant.
Annoncée l’été dernier par le Pr Dominique Maraninchi, président de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), la RTU (recommandation temporaire d’utilisation) du baclofène va entrer en vigueur le mois prochain, apprend-on auprès de l’Agence. C’est la confirmation du calendrier qu’avait annoncé au « Quotidien » la Direction générale de la santé, alors que les conclusions des deux études « Bacloville » et « Alpadir » restent attendues pour la fin de l’année.
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