« La durée de vie s’allonge, on vit plus longtemps malade et les progrès sont de plus en plus disruptifs, observe le ministre de l’Économie. Les big pharma et les bio-techs avancent, explique-t-il, tandis que l’interconnexion entre génomique, neurosciences, big data (bases de l’assurance-maladie et de l’imagerie dématérialisée), intelligence artificielle et objets connectés forment un carré magique ». D’où la question-clé pour le patron de Bercy : « Comment capter l’énorme potentiel de toutes ces innovations, en termes de performances à la fois médicales et économiques ? »
Champion du néo-libéralisme, Emmanuel Macron préconise de prendre « un virage radical » : « Il faut traquer à tous les niveaux les contraintes en termes d’autorisations, de délais et cesser d’être tatillon, on peut avoir les mêmes exigences et marier vitesse et financement, sans attendre si longtemps le coup de tampon. Il faut refondre en profondeur les règles des procédures pour réduire les délais de décision ; constituer un écosystème beaucoup actif et réactif, pas seulement avec l’État et la BPI, mais avec les start-ups, les fonds thématiques (comme Truffle), les business angels, les venture capital. »
La mère des batailles
Face aux contraintes de coûts, notamment liées au financement de la Sécurité sociale, le ministre estime que « la mère des batailles, c’est la constitution des fonds propres des entreprises innovantes ». Il cite l’exemple d’une start-up comme Carmat, qui fabrique le cœur artificiel, et suggère que, « pour assurer la montée des chevaux légers du secteur, les grands groupes doivent s’engager à fond, comme ils le font aux États-Unis, ou en Israël ».
Ces perspectives ne sauraient occulter, ajoute-t-il, les risques éthiques : « Si on ouvre les bases de données, on améliore la performance de soins et on augmente mes chances de guérison. Mais, en même temps, on atteint mon intimité, l’intégrité-même de ma personne, alors que l’hyper-individualisation du risque fracture la socialisation du financement : tout le monde doit-il payer pour prévenir les risques d’un tout petit nombre ? »
Emmanuel Macron s’inquiète encore pour l’avenir de la relation médecin-malade : « Le colloque singulier est travaillé par les innovations, la machine s’installe entre un patient de plus en plus acteur de son propre soin et un praticien dont le travail se dématérialise et se numérise. À la fin, est-ce c’est le logiciel qui va juger et prendre la décision à la place du médecin ? »
« À la différence des politiciens traditionnels, Macron aborde tous ces sujets avec beaucoup de maîtrise et de modestie, remarque l’un de ses supporters, le Dr Olivier Véran, ex-rapporteur (PS) du PLFSS à l’Assemblée nationale. C’est ainsi que sa vision libérale de l’avenir séduit les libéraux. Si vous les interrogez, vous verrez que deux médecins sur trois se rallient à ses analyses. »
Enquête faite, tel ne semble pas être exactement le compte, alors que les décideurs de santé semblent davantage touchés par la « Macron-mania ».tien
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