LA CHINE ET L’INDE sont réputés pour détenir un rapport de masculinité (ou sex-ratio) déséquilibré, supérieur à la norme de 105 garçons pour 100 filles. Mais le phénomène touche aussi plusieurs pays d’origine orientale et les diasporas d’origine asiatique, souligne le numéro de décembre de« Population et Sociétés », publié par l’Institut national d’études démographiques (INED).
Au Sud du Caucase et à l’Ouest des Balkans, le sex-ratio s’échelonne ces vingt dernières années entre 110 (Albanie, Kosovo) et 120 (Arménie, dans les années 2000). Aujourd’hui, c’est l’Azerbaïdjan qui, avec un ratio de 117 garçons pour 100 filles, est le deuxième pays au monde le plus déséquilibré, derrière la Chine.
Quant aux diasporas, on constate en Angleterre, parmi les migrants d’origine indienne un rapport de masculinité de 113 garçons pour 100 filles parmi les troisièmes naissances. De même en Italie chez les Chinois ou les Albanais, en Norvège, chez les Indiens, et en Grèce chez les Albanais.
Nouvelles technologies.
Selon les chercheurs de l’INED Christophe Guilmoto et Géraldine Duthé, trois facteurs se combinent pour expliquer ce phénomène : la préférence traditionnelle pour les naissances masculines, l’accès à l’échographie et à l’avortement, et l’effet aggravant de la baisse de la fécondité.
Celle-ci est notable dans les pays d’Europe orientale depuis les années 1990, où les femmes font moins de deux enfants. Dans 25 % des cas, elles devraient n’accoucher que de filles. Or « tout porte à croire qu’une part significative de conceptions féminines ne sont pas arrivées à terme en raison d’interruptions volontaires de grossesse », écrivent les auteurs, rappelant que le désenclavement politique des pays d’Europe orientale a permis le développement des équipements d’échographie.
Une préférence traditionnelle pour les garçons reste l’explication principale d’un sex-ratio néfaste pour les filles, dans des sociétés très patriarcales, qui, notamment après l’effondrement du communisme, se sont repliées sur le noyau familial. Elle vaut aussi dans les diasporas, où l’influence des facteurs circonstanciels propres aux pays d’origine (politique de limitation des naissances en Chine, par exemple) a perdu de son importance, tandis que les attitudes culturelles demeurent.
Si l’effet de la masculinisation des naissances est souvent atténué (par l’intégration des diasporas ou les flux migratoires dans Europe orientale), la banalisation du rôle des technologies nouvelles dans les pratiques discriminatoires n’en est pas moins grave. Surtout dans des pays marqués par une absence de prise de conscience endogène, concluent les auteurs.
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