Concentré sur l'écran de son ordinateur, le Dr Thierry Petitjean, médecin au centre du sommeil de l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, lit le tracé d'un enregistrement de polysomnographie.
Il désigne au fur et à mesure les différents stades du sommeil et relève les moments où le patient est en apnée. Cet examen permet en effet de dépister un syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS). Au-delà de 10 à 15 apnées par heure le syndrome devient pathologique et cardiotoxique. « Le patient nous est adressé soit par son médecin traitant, soit par un médecin spécialiste (pneumologue, cardiologue, ophtalmologiste, médecine interne…), pour un dépistage d'apnée obstructive du sommeil, explique le Dr Petitjean. Souvent il se plaint d'un mauvais sommeil. Il a la sensation de dormir mais de ne pas se reposer. Certains patients se déclarent même plus fatigués au réveil qu'au moment de se coucher ! » Les ronflements et l'asthénie sont les signes les plus courants qui peuvent faire penser à un SAOS. D'autres signes cliniques peuvent être constatés, comme une somnolence diurne, des céphalées matinales, une nycturie, des insomnies, une irritabilité, ou encore une surcharge pondérale, qui peut découler des apnées ou en être à l'origine. Une hypertension artérielle débutante chez un ronfleur peut aussi faire suspecter une apnée du sommeil.
Depuis décembre 2015, le Centre du Sommeil et des Maladies Respiratoires de la Croix-Rousse s'est agrandi, sa capacité passant de 4 à 12 lits. Cela permet de recevoir davantage de patients pour les dépistages. « Quand un patient arrive, il est reçu par l'interne, qui fait un interrogatoire clinique et un examen clinique complet, détaille le Dr Petitjean. Il cherche les antécédents familiaux, personnels, interroge sur les signes cliniques (nocturnes et diurnes), sur les traitements, etc. » Actuellement, environ 850 000 patients sont traités en France pour un SAOS, soit entre 2 et 3 % de la population adulte. Néanmoins, ce syndrome est encore sous-diagnostiqué et toucherait près de 5 % de la population. « Il n'est pas toujours facile de penser à une apnée du sommeil quand un patient se plaint de fatigue, car elle peut avoir de nombreuses autres causes », admet le Dr Petitjean.
Huit heures d'enregistrement
Pour en avoir le cœur net, les patients sont équipés d'une série de capteurs : 6 électrodes au minimum, collées sur le cuir chevelu pour enregistrer l'électro-encéphalogramme (EEG), des capteurs placés autour des yeux pour mesurer les mouvements oculaires rapides, 2 capteurs placés au niveau des muscles de la houppe du menton pour suivre l'évolution du tonus musculaire au cours du sommeil et notamment l'atonie du patient, une canule de pression nasale placée dans les orifices narinaires, pour détecter le flux d'air, un oxymètre de pouls pour mesurer la saturation en oxygène du sang, des ceintures thoracique et abdominale permettant de suivre les mouvements respiratoires et une thermistance placée devant la bouche, au cas où la canule de pression nasale se déplace ou en cas d'obstruction nasale. Un micro est placé à la base du cou pour enregistrer les ronflements. Enfin, des électromyogrammes des muscles jambiers antérieurs sont également réalisés pour détecter d'éventuels mouvements de jambes, révélateurs d'un syndrome des jambes sans repos, et un électrocardiogramme est systématiquement est mis en place. La pose de tous ces capteurs, réalisée par deux infirmières, peut prendre entre 30 et 40 minutes. Le patient passe ensuite la nuit dans le service et pourra repartir le lendemain vers 11h. L'enregistrement dure 8 heures en moyenne. Et le lendemain matin, les médecins lisent les tracés et les interprètent. « La lecture peut prendre entre 40 minutes et 1h30 », explique le Dr Petitjean. Généralement, le diagnostic est annoncé au patient dans la foulée et, si l'apnée du sommeil est avérée, le médecin lui propose un traitement adapté. « Si le patient donne son accord pour un traitement par pression positive continue (PPC), il est dirigé vers un prestataire à domicile qui va se rendre chez lui pour lui proposer l'appareil et adapter son traitement », indique le médecin. Un tracé de contrôle est ensuite réalisé, entre 6 et 12 mois après le début du traitement, puis les patients sont revus tous les ans pour le renouvellement de leur traitement.
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