LE QUOTIDIEN - Quel est l’état de l’offre de soins à Marseille ?
SAMIA GHALI – Dans les quartiers nord, la situation est très préoccupante. Sur les 100 000 habitants, un sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Les généralistes qui partent à la retraite sont très peu remplacés et il n’y a presque plus de spécialistes. Les urgences récupèrent des cas non urgents. Des habitants renoncent aux soins médicaux et dentaires. Des épidémies comme la gale réapparaissent à l’école. Nous n’avons quasiment plus de médecins scolaires ; les rares en poste passent à côté de fractures liées à la malnutrition. Les enfants de nos quartiers ne portent pas de lunettes. Ou ils tous voient bien, ou il y a un problème ! Et puis, les médecins ne font plus presque plus de visites chez les particuliers pour des raisons de sécurité.
Vous avez prôné le recours à l’armée dans les quartiers difficiles. Faut-il poster des militaires aux abords des cabinets médicaux ?
Je ne vais pas jusque là mais il faut stopper l’engrenage car le niveau d’insécurité atteint n’est pas acceptable. Des médecins ne peuvent plus pénétrer dans certaines cités, ou sont obligés de donner leur pièce d’identité car ils sont soupçonnés d’être des policiers. Il faudrait installer des caméras de vidéosurveillance et augmenter les effectifs policiers. Regrouper les médecins permettrait aussi de renforcer leur sécurité. Les généralistes n’ont plus envie d’aller risquer leur vie pour sauver celle de quelqu’un d’autre.A mon sens, les facultés de médecine devraient aussi préparer les jeunes à venir dans ces quartiers, par des stages, notamment. Aller y exercer doit être un choix militant, comme l’humanitaire. Pour développer cette fibre chez les jeunes, il faut leur parler de l’aspect social de la médecine dès la formation.
L’AP-HM travaille sur un projet de maison de santé dans les quartiers nord. De quoi s’agit-il ?
Ce projet novateur répond d’une volonté de la ministre de la Santé. S’il voit le jour, ce sera une expérimentation pilote en France. Le but est de faire sortir l’hôpital de ses murs. Des praticiens hospitaliers sont volontaires pour faire tourner une maison de santé, là où les généralistes n’arrivent plus à répondre à la demande. A mon sens, des infirmières de l’AP-HM devraient les accompagner. Il faut trouver un local, bâtir son financement. Les médecins hospitaliers ont fait le choix du service public. Nous devons nous tourner vers ces vocations pour pallier les insuffisances de la médecine libérale.
Que vous inspire la possible fermeture de la clinique Beauregard située au nord est de Marseille ?
Je ne suis pas montée au créneau pour la sauvergarde de Beauregard. Que défend-on, l’usager, ou le médecin ? Les gens vont à Beauregard pour accéder à une spécialité, pas pour sa proximité. Les moyens de Beauregard seront peut-être transférés à un hôpital privé non lucratif, il y a des tractations entre les deux établissements. Pourquoi pas ? Si les patients vont dans ce nouvel établissement, cela ne changera rien. Ce qui compte, c’est qu’il y ait à Marseille un hôpital central, qui fasse le trait d’union entre le nord et le sud. Les habitants des quartiers nord vont déjà davantage à Desbief qu’à Beauregard, où les dépassements sont importants.
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