Avec l’âge, le risque infectieux augmente notamment en raison du phénomène d’immunosénescence, de la vie en collectivité pour ceux qui vivent en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), de la fréquence des soins invasifs (sondes urinaires, accès vasculaires, prothèses, pacemaker) et de certains traitements (corticoïdes, immunosuppresseurs, morphiniques…).
Les maladies infectieuses arrivent par ordre de fréquence chez les seniors, en sixième position après les affections cardio-vasculaires, les cancers, l'insuffisance respiratoire, les troubles musculo-squelettiques et les atteintes neurologiques. En France, le risque d’infections invasives à pneumocoques est multiplié par 3 chez les 50-59 ans, par 5 chez les 70-79 ans et par 12 chez les 80 ans et plus par rapport au risque observé chez les 15-49 ans. En moyenne, 9 000 décès annuels par grippe sont observés chez les 65 ans et en 2014-2015 la surmortalité toutes causes confondues avaient atteint 18 000 morts parmi les personnes âgées. Les infections urinaires sont la deuxième cause d’infections communautaires et l’émergence de bactéries (Escherichia coli) hautement résistantes inquiète. La fréquence des infections bactériennes nosocomiales augmente aussi fortement avec l'âge. Les infections virales sont plus rares à l'exception du zona, des gastro-entérites virales (norovirus).
Rôle décisif du médecin
Face à ce risque infectieux touchant une population de plus en plus nombreuse et vieillissante, le Haut Conseil de la santé publique s'est auto saisit afin de proposer aux praticiens une synthèse des données épidémiologiques et immunologiques et un rappel des recommandations actuelles. Si la couverture vaccinale augmente jusqu’à 45 ans, elle diminue avec l’âge, notamment chez les 65 ans, les couvertures vaccinales contre la grippe et contre les pneumocoques (vaccination recommandée chez les personnes âgées à risques) en particulier, sont très insuffisantes. L’avis souligne l’influence décisive du médecin traitant sur la décision vaccinale. Selon une enquête de la DREES de 2005, « un quart des médecins émet des doutes à l’égard des risques et de l’utilité de certains vaccins », souligne le HCSP. Et « seulement 44 % des médecins généralistes se déclarent confiants envers les vaccins, et se sentent à l’aise pour expliquer le rôle des adjuvants à leurs patients ». Le Haut Conseil rappelle aussi que la vaccination des professionnels de santé pour limiter la transmission d’agents infectieux à prévention vaccinale constitue « un des moyens les plus efficaces de prévention des pathologies infectieuses chez la personne âgée ».
Besoin de nouveaux vaccins
Afin de limier l’impact des idées fausses véhiculées par les opposants à la vaccination, le HCSP appelle à « une communication officielle plus forte » en particulier via un site Internet dédié destiné au grand public et aux professionnels. Les occasions manquées de vaccination sont, selon l'avis, une cause importante de l’insuffisance de la couverture vaccinale chez les personnes âgées. Pour les éviter plusieurs pistes sont proposées parmi lesquels : la notification systématique des vaccinations dans le dossier médical électronique ; la réalisation immédiate de la vaccination lorsqu’elle est indiquée grâce à une mise à disposition de stocks de vaccins dans les cabinets des médecins vaccinateurs en impliquant les officines de proximité. Dans ses conclusions, le HCSP recommande de faciliter la mise à disposition des vaccins au plus près des personnes âgées à domicile et d’inciter les médecins traitants à vacciner les seniors lors des visites à domicile. « Il faut s’appuyer sur les pharmaciens qui, dans le cadre de leurs missions, proposent gratuitement un service de livraison à domicile des vaccins », souligne-t-il. L’avis demande aussi de systématiser la mise à jour du statut vaccinal chez le sujet âgé, notamment lors du repérage d’une fragilité, recommandé à partir de l’âge de 75 ans.
Enfin le HCSP souligne le besoin important de nouveaux vaccins notamment contre la grippe. « Il n’est pas normal que le vaccin grippe à fortes doses qui a montré une immunogénicité et une protection accrue chez la personne âgée ne soit pas disponible en France », regrette le HCSP. Un vaccin pneumoccique non dépendant des génotypes, un vaccin zona plus performant et plus efficace et un vaccin contre le norovirus seraient aussi indispensables.
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