Dans un nouvel avis actualisant ses recommandations sur « la conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de gale », le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) appelle à rediscuter le traitement individuel de cette pathologie. « En l’état actuel des connaissances, il n’y a pas de niveau de preuve suffisant pour recommander préférentiellement le traitement per os ou celui par voie locale ou une association des deux », indique le HCSP. En dépit d’un « faible niveau de preuve », le Haut Conseil recommande de réaliser « deux applications pour les traitements topiques ou de faire deux administrations orales pour l’ivermectine ».
Néanmoins, cette recommandation relevant à ce jour d’une prescription hors AMM, « il serait nécessaire d’effectuer une demande pour une recommandation temporaire d’utilisation » (RTU), poursuit le Haut Conseil. Un deuxième traitement apparaît en effet nécessaire dans la mesure où les divers produits utilisés par voie topique ou générale s’avèrent « très probablement inefficaces sur les œufs » de gale et « peut être les formes larvaires immatures ».
Les taux de succès cliniques en cas de traitement unique restent aléatoires, à peine plus de 60 % pour le benzoate de benzyl, traitement local de référence et entre 24 et 100 % selon les études comparatives pour l’ivermectine orale. Si la perméthrine 5 % a fait davantage ses preuves en termes d’efficacité et d’innocuité, « il n’existe pas de préparation commercialisée, ni de dossier en cours d’étude pour une AMM en France », déplore le HCSP qui recommande vivement une mise à disposition de la perméthrine topique, ainsi que le remboursement des traitements locaux. Leur non-remboursement pouvant constituer un important facteur de risque de contamination au sein des populations précaires.
Une incidence en augmentation
Avec au moins 328 cas annuels pour 100 000 habitants, l’incidence estimée de la gale en France a augmenté de l’ordre de 10 % depuis 2002, avec de nombreuses épidémies de gale rapportées en maisons de retraite, services de long et court séjour et milieu scolaire. En établissements de santé, « le nombre de signalements est passé de 8 à 69 entre 2002 et 2010 et la proportion des signalements de gale parmi l’ensemble des signalements d’infections nosocomiales répertoriées est passée de 1 à 4 % », note le HCSP qui recommande par ailleurs que les conditions du diagnostic soient précisées. Dans les formes communes, le diagnostic clinique doit reposer sur le triptyque « interrogatoire à la recherche d’un contage et/ou de cas dans l’entourage ; prurit à recrudescence nocturne ; localisations caractéristiques des lésions cutanées ». Pour les cas de gale hyperkératosique ou de gale profuse, ainsi qu’en cas d’épidémie en collectivité, « la confirmation diagnostique par prélèvement parasitologique doit être systématique », indique le HCSP qui précise par ailleurs les conditions de traitement de l’entourage, du linge, de la literie et de l’environnement du ou des personnes infectées.
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