Premier plan de santé publique lancé après la loi HPST, le PPSM 2011-2015 a permis des progrès dans la reconnaissance des personnes vivant avec des troubles psychiques, salue le HCSP dans un rapport de plus de 200 pages rendu public en mai dernier.
Celui-ci reconnaît également que les secteurs médico-social et social tendent à mieux se coordonner avec le sanitaire, grâce à des formations croisées, la co-construction de projets ou des évaluations partagées des besoins. Par ailleurs, le HCSP pointe les progrès réalisés sur le plan de la structuration de l’urgence psychiatrique qui prend mieux en compte les populations défavorisées et sur celui de la santé somatique, davantage intégrée dans les établissements psychiatriques. La multiplication des études sur le handicap psychique émanant de différentes instances étatiques est également un facteur de satisfaction mis en avant dans le rapport.
Hétérogénéité des pratiques et manque de transversalité
Toutefois, d’autres critères ne recueillent pas la même approbation et font l’objet de commentaires critiques de la part du HCSP qui déplore, par exemple, la trop grande hétérogénéité des pratiques et des moyens sur le terrain dans des domaines aussi différents que l’utilisation de la chambre d’isolement, des pratiques d'intervention à domicile ou encore des aides au quotidien pour l’accès au logement et à l'emploi. Les délais d’attente trop importants pour une première consultation qui entraînent des retards de diagnostic et la surmédicalisation du mal-être qui aboutit à des consommations préoccupantes de benzodiazépines sont d’autres des sujets qui inquiètent le HCSP. Dans un second rapport publié à la même date, l’instance s’attaque également aux mauvais résultats du programme national d'actions contre le suicide 2011-2014 qui est accusé de mauvais ciblage des populations et de manque de transversalité à l’échelon national. Pour les rapporteurs, « le programme peut sembler inachevé, au sens où il n'est pas allé jusqu'à fixer des objectifs chiffrés en termes de réduction des suicides et des tentatives, le rendant ainsi moins lisible et concret aux yeux des acteurs qui le mettent en œuvre ». Le HCSP regrette enfin le manque de moyens mis à la disposition des chercheurs qui constitue un frein indéniable à l’amélioration de la situation.
Vision à long terme
Appelant de ses vœux une prise de conscience et un engagement fort des pouvoirs publics dans ce domaine, le Haut conseil réclame la mise en place d’une politique de santé mentale pérenne, pilotée à long terme, avec une dimension interministérielle et des indicateurs de suivi, plutôt que l’empilement d’une succession de plans peu à même de répondre efficacement aux problématiques actuelles. Pour la définir, il recommande ainsi la mise en place d'une instance nationale de santé mentale associant usagers, professionnels du sanitaire et du médico-social, ainsi qu’élus. Au niveau régional, c’est un référent santé mentale désigné au sein de chaque Agence régionale de santé (ARS) qui serait chargé de rendre cette politique opérationnelle. En ce qui concerne enfin la politique de prévention du suicide, qu’il imagine à la fois spécifique et générale, le HCSP préconise qu’elle soit intégrée à d'autres plans nationaux, comme celui de santé mentale, mais aussi ceux touchant les jeunes, les personnes âgées et la santé au travail.
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