L'idée d'un papier attestant l'état de santé de la personne est ancienne. Depuis le XIVe siècle, les capitaines des bateaux à l’arrivée dans un port en Méditerranée devaient remettre aux autorités une « patente » indiquant s'ils avaient transité par des pays infectés. « L'on sait, grâce aux travaux de l'historienne Fleur Beauvieux, qu’au moment de la peste de Marseille de 1720, des "billets de santé" individuels permettaient de contrôler les mobilités », explique la Dr Anne-Marie Moulin, médecin et historienne. Les Marseillais devaient, pour circuler, se munir d'un billet signé par un représentant de leur quartier, prêtre ou commissaire, attestant qu'ils n'étaient pas malades ou qu'ils étaient sortis de quarantaine. Les services de police vérifiaient ces documents. « Les autorités municipales s’efforçaient de suivre et contrôler les déplacements des populations, étrangers à la ville mais aussi citoyens locaux. Et l’on devine − à travers les rares chansons populaires parvenues ou les archives des tribunaux − que la population n’appréciait guère la contrainte », commente Anne-Marie Moulin.
Le XIXe siècle a ensuite été marqué par les épidémies de choléra qui ont dévasté l'Europe entre 1830 et 1847. Une première Conférence sanitaire internationale s'est tenue à Paris en 1851. Un siècle plus tard, en 1951, les États membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté le Règlement sanitaire international (RSI), qui a connu plusieurs révisions, la dernière remontant à 2005.
Alors qu'existaient depuis la fin des années 1960, des « cartes jaunes » attestant d'une vaccination contre le choléra, la peste, la vérole et la fièvre jaune, seule cette dernière est encore obligatoire pour entrer dans certains États (ou certains territoires au sein d'un même État, en Guyane par exemple). Et surtout pour en sortir et revenir non porteur de l'agent infectieux, souligne le Dr Paul-Henri Consigny, directeur du Centre médical de l'Institut Pasteur. Une obligation bien acceptée, parce qu'elle s'inscrit à l'intérieur d'un choix préalable de se rendre dans un pays à risque épidémique. Depuis le RSI de 2005, le document s'est transformé et est devenu le « certificat international de vaccination ou de prophylaxie ». Nouveauté, ce document peut mentionner d'autres prophylaxies.
Les précédentes épidémies d'Ebola ou de H1N1 n'ont pas changé la donne, soit parce qu'elles ont pu être circonscrites rapidement, soit parce que les malades, dans le cas d'Ebola, étaient dans un état si grave qu'ils ne pouvaient se déplacer. L'histoire du Covid-19 est toute autre.
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