Le prélèvement de peau sur donneur vivant vient d'être autorisé dans des conditions très strictes, via la publication dans le « Journal Officiel » du 10 juin, d'un décret « relatif aux conditions dans lesquelles des tissus peuvent être prélevés sur donneur vivant », entré en vigueur dès ce 11 juin.
Le décret stipule que « la peau est le seul tissu pouvant être prélevé sur une personne vivante ». Puis : « Le prélèvement de la peau sur donneur vivant ne peut être effectué que sur un donneur majeur dans le but de greffer son jumeau monozygote pour le traitement de lésion ou brûlure, étendue et engageant son pronostic vital, sous réserve que l'établissement ou l'organisme chargé de la préparation et de la conservation du tissu greffé satisfasse aux conditions d'autorisation prévues à l'article », c'est-à-dire que l'hôpital soit adossé à une banque de tissu.
Les conditions d'expression du consentement, d'obtention d'une autorisation de prélèvement, et d'information de l'Agence de la biomédecine (ABM), sont les mêmes que pour tout prélèvement d'organe sur personne vivante. Ainsi, le donneur passe devant un comité d'experts qui l'informe des risques encourus et des conséquences éventuelles du prélèvement et s'assure de sa bonne compréhension ; il exprime son consentement devant le président du tribunal de grande instance ou le magistrat. En cas d'urgence vitale, le consentement est recueilli, par tout moyen, par le procureur de la République.
Des cas exceptionnels
Ce décret met fin à un vide juridique puisque la législation ne prévoyait pas, jusqu'à présent, les conditions de prélèvement de la peau chez un donneur vivant (contrairement au rein, par exemple), et donc ne le permettait pas. La législation autorise seulement des prélèvements de peau sur donneur décédé ; mais la greffe n'est pas définitive. La peau sert à recouvrir le tissu endommagé du receveur, le temps que sa propre peau remplace ce « pansement ».
Il y a deux ans, le Pr Maurice Mimoun, chef du service de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP), en lien avec le Pr Alexandre Mebazza (anesthésie réanimation), a sauvé un jeune homme de 33 ans brûlé au troisième degré à 95 %, grâce à une greffe quasi-totale de peau, à partir de son jumeau homozygote. Revenant sur l'opération en novembre 2017 dans nos colonnes, le Pr Mimoun avait expliqué que l'ABM « avait donné les autorisations avec une incroyable réactivité ».
« C'était une autorisation temporaire pour répondre à une demande très urgente », explique le Pr Olivier Bastien, directeur du Prélèvement et de la Greffe d’organes et de tissus à l’Agence de la biomédecine. Le décret vient pérenniser cette possibilité entre jumeaux. « Puisqu'ils ont les mêmes caractéristiques génétiques, il n'y a pas besoin d'un traitement anti-rejet, déconseillé pour les grands brûlés », précise le Pr Bastien.
L'application de ce décret devrait néanmoins être exceptionnelle : il suppose l'existence d'une brûlure très étendue, et la présence d'un jumeau homozygote.
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