L’épidémie de légionellose avait touché 86 personnes dans le Pas-de-Calais, 18 étaient décédées d’une pneumopathie grave. Aujourd’hui s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Béthune le procès pénal de la société Noroxo, détentrice de l’Usine pétrochimique de Harnes, identifiée comme source de contamination, son ancien directeur général et l’entreprise GE Water & Process technologies, chargée du traitement de l’eau. Ils comparaissent pour homicides et blessures involontaires.
L’affaire remonte à novembre 2003 lorsqu’une épidémie de légionellose éclate. L’infection pulmonaire n’est pas contagieuse : elle est provoquée par une bactérie proliférant dans l’eau tiède. Selon la justice, les tours aéroréfrigérantes de l’usine projetaient à 20 km aux alentours des microparticules contenant la legionella pneumophilia.
Pourtant, un arrêté préfectoral du 17 décembre 2001 imposait la fermeture du système de refroidissement en cas d’une concentration en bactéries légionelles supérieure à 100 000 unités formant colonies par litre (UFC/l). Malgré des concentrations plus de 7 fois supérieures au seuil autorisé, soit 730 000 UFC/l mesurés en octobre 2003, Noroxo, contestant la légalité de l’arrêté, privilégie la poursuite de l’activité. L’entreprise se contente d’un traitement biocide pour désinfecter ses 2 tours aéroréfrigérantes. À la faveur du nettoyage, la préfecture ordonne une première fermeture en décembre 2003.
Arrêt des installations
L’opération, réalisée à l’air libre et sans protection, est supervisée par l’entreprise GE Water & Process technologies, qui n’aurait pas alerté Noroxo sur le nécessaire arrêt de ses installations. Une réapparition de la légionellose provoque une seconde fermeture en janvier 2004.
Noroxo et la société de traitement de l’eau encourent jusqu’à 375 000 euros d’amende. L’ancien dirigeant de l’usine risque 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. L’usine, qui fabriquait des alcools et des acides, a été démantelée en 2010 par son propriétaire le groupe américain Exxon Mobil.
« Cela fait neuf ans que nous souffrons. Nous ne pouvons pas admettre qu’on nous ait tué les nôtres ou qu’on les ait rendus victimes de cette maladie », a dénoncé Martine Delaby, la veuve d’une des victimes. « Ce drame aurait pu être évité. Nous ne sommes pas victimes par accident. »
Une première victoire avait été décrochée au civil en 2007 et des indemnisations avaient été versées à 5 familles. Les audiences au pénal sont programmées tous les après-midi pendant 10 jours et le jugement devrait être mis en délibéré.
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