TOUT LE MONDE savait que Mme Aubry ne souhaitait pas être candidate et que, en dépit de l’organisation des primaires, elle militait pour la désignation de Dominique Strauss-Kahn qui, vraisemblement, lui aurait offert le poste de Premier ministre s’il devait l’emporter contre Nicolas Sarkozy. Par ses graves imprudences, DSK s’est éliminé lui-même. La suite a montré que M. Sarkozy n’a pas profité de la chute de DSK, dont les voix sont allées rejoindre François Hollande, celui des candidats socialistes qui partage avec M. Strauss-Kahn le plus d’idées, et Martine Aubry.
Celle-ci n’éprouve, semble-t-il, aucun sentiment d’amitié pour M. Hollande, dont la présence à la tête du parti pendant dix ans a été très critiquée. Elle estime avoir fait ensuite le travail qu’il n’a pas accompli. Elle va organiser le barrage contre lui et, accessoirement, contre Ségolène Royal. Son lyrisme idéologique ne l’empêchera pas d’orienter les primaires de manière à ne pas laisser gagner un outsider et, depuis avant-hier, à ne pas le laisser gagner contre elle-même. Outsider, c’est la façon d’appeler Ségolène Royal, mais aussi Arnaud Montebourg, ou Manuels Valls, ou d’autres. M. Hollande n’appartient pas à cette catégorie, mais il aura fort à faire pour convaincre quelques uns des nombreux amis de Martine Aubry de voter pour lui.
Telle qu’elles se présentent, avec la légitimité naturelle de Mme Aubry, avec les soutiens dont elle dispose, avec le fort courant qu’elle représente et qui est, en quelque sorte, plus socialiste que celui de M. Hollande, et avec les moyens tactiques un peu occultes qu’a la première secrétaire et qu’elle a déjà utilisés par le passé, notamment au Congrès de Reims, les primaires seront sans doute dominées par Martine Aubry, au détriment de M. Hollande et de Mme Royal. Son sens du devoir repose d’abord sur l’impératif « Tout sauf Hollande » et, au début de l’année prochaine, il reposera sur le « Tout sauf Sarkozy ». Il repose aussi sur la défection de DSK, qui l’a énormément troublée mais a fini par la contraindre à faire le choix inverse de celui auquel elle s’était préparée, celui de ne pas se présenter. D’une certaine manière et quoi qu’elle en dise, elle n’avait pas d’ambition présidentielle pour 2012. Son absence de « désir », souvent signalée par la presse, a été remplacée par la « nécessité de vouloir ». Il reste bien sûr à savoir si cette tiède démarche est de nature à la porter au sommet, si elle n’amorce pas un acte manqué, si elle ne suit pas, consciemment ou non, les pas de son père, Jacques Delors, qui a refusé de se présenter en 1995, alors qu’il aurait fait un remarquable président.
QUI, D’AUBRY OU DE HOLLANDE, A LE PLUS DE CHANCES DE BATTRE SARKOZY ?
Enjamber le fossé.
L’hésitation qu’elle a vaincue et qui, peut-être, laisse une trace dans son âme, explique que, avec ce que l’on aurait tort de prendre pour de l’arrogance, elle ait indiqué, dans sa déclaration de mardi à Lille, qu’elle prenait l’engagement d’aller à la victoire en 2012. C’est bien dit. C’est une façon un peu provocatrice d’expliquer que, si elle a longtemps scruté le fossé avant de l’enjamber, maintenant que la décision est prise, il n’est pas question de laisser la droite, et surtout ce diable de Sarkozy, l’emporter une fois encore contre la gauche. Il ne faut pas douter un seul instant de la sincérité de Martine Aubry qui, par vocation et par philosophie, défend ce qu’elle appelle les valeurs de la gauche au service desquelles il peut lui arriver de mettre des stratagèmes. On ne lui reprochera pas, pour autant, de savoir faire de la politique et de nuancer son credo avec l’once de cynisme indispensable à sa mise en application.
Il demeure que ni Ségolène Royal qui, décidément, a plus d’un tour dans son sac, et mène avec opiniâtreté une bataille infiniment plus dure qu’en 2007, ni François Hollande vont se soumettre au diktat de Martine Aubry. Les sondages montreront sans doute dans les jours qui viennent l’ascension de Mme Aubry, ne serait-ce que grâce à sa déclaration de candidature, qui a été très réussie ; mais jusqu’à présent, M. Hollande, fait la course en tête. Enfin, l’ultime question concerne la capacité du candidat socialiste issu des primaires à battre celui de la droite. Il nous s emble que M. Hollande est, de ce point de vue, le meilleur.
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