Est-ce totalement illusoire de parler de sevrage tabagique à des gens vivant dans la rue, quand trois quarts d’entre eux sont fumeurs et quand on connaît la précarité de leurs conditions de vie ? Ce n’est pas l’avis de tabacologues américains qui s’expriment à ce sujet dans un éditorial de « New England ». « Malgré l’idée reçue que l’arrêt n’est pas une priorité pour les fumeurs sans-abri, les témoignages suggèrent que beaucoup sont intéressés par le sevrage », soulignent-ils.
Certes, l’entreprise est très difficile, bien plus encore que dans la population générale. Les quelques interventions proposées se sont révélées peu probantes avec un taux élevé d’échecs. Pour remédier à cet état de fait, les auteurs proposent d’actionner différents leviers, à la fois au niveau de l’individu, du groupe, des établissements de santé, des lieux d’hébergement et des politiques de santé.
Un message cohérent parmi les professionnels
Le message des professionnels de santé doit être clair et cohérent sur la lutte anti-tabac. Pour les auteurs, « même si la délivrance de tabac aux patients peut partir de bons sentiments pour créer une alliance thérapeutique, cette pratique doit être évitée afin de favoriser des stratégies alternatives ».
Les structures d’accueil doivent relayer le message des professionnels, en veillant à ne pas être trop rigides et ne pas faire fuir les fumeurs invétérés. Des substituts nicotiniques pourraient être mis à la disposition des résidents afin de les aider à surmonter les envies fortes de fumer au cours de la nuit.
Mettre en avant l’économie d’argent
Au niveau individuel, l’ajustement du sevrage se fait sur la présence des comorbidités essentiellement psychiatriques et toxicomaniaques. Tout doit être fait pour faciliter l’adhésion au sevrage. Les interventions devraient être dispensées à proximité du lieu d’hébergement et les bénéfices à court terme du sevrage mis en avant, tels que la diminution des troubles respiratoires et l’économie financière. Une aide médicamenteuse peut être proposée en complément de l’aspect comportemental.
Des effets attendus sur la surmortalité
Pour les fumeurs ne désirant pas arrêter, la diminution de la consommation doit être encouragée, si besoin à l’aide de substituts nicotiniques. Les interventions collectives sont à promouvoir, quand on connaît l’influence du groupe dans les comportements.
La mortalité relative au tabac chez les sans-abri est doublée par rapport à la population générale. Elle expliquerait en large part la surmortalité globale constatée dans ces populations vulnérables. Pour les tabacologues américains, le débat « n’est plus de savoir s’il faut proposer un sevrage aux sans-abri, mais bien de savoir comment le faire ».
Tabagisme et alcoolisme vont souvent de pair. Des scientifiques de Houston viennent de décrire les mécanismes moléculaires à l’origine de cette association toxique. Une simple exposition à la nicotine modifierait temporairement le système de récompense dopaminergique à l’alcool. L’équipe du Dr John Dani a montré en effet que des rats exposés à la nicotine consomment davantage d’alcool que les autres.
La pré-exposition à la nicotine affaiblit le système de récompense à l’alcool, via deux mécanismes : d’abord en activant les récepteurs à l’hormone de stress et ensuite en augmentant une signalisation inhibitrice au niveau des neurones dopaminergiques . L’exposition à la nicotine rendrait ainsi plus vulnérable vis-à-vis de l’alcoolisme. « Notre travail suggère également que les hormones du stress pourraient être de bons candidats en traitement ou en prévention ».
Neuron publié le 18 juillet 2013
The New England Journal of Medicine, publié le 18 juillet 2013
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité