« ALORS QUE notre pays est universellement connu comme le pays de la révolution pasteurienne, qu’il fait partie des rares nations occidentales à disposer d’une forte implantation de centres de R&D et de production industrielle de vaccins, la France est paradoxalement aujourd’hui en retard sur ses voisins européens en matière de couverture vaccinale », déplorent les entreprises du médicament dans une lettre adressée aux sénateurs et signée par Hervé Gisserot, président du LEEM. Malgré les efforts des pouvoirs publics, malgré les campagnes de communication, les taux de couverture ne progressent pas. « Pire, et comme l’a récemment soulignée la cour des comptes dans sa récente enquête sur la politique vaccinale, la proportion de nos concitoyens ayant une opinion positive de la vaccination tend à diminuer », souligne le LEEM.
Une question « cruciale ».
Il estime urgent de se saisir de cette question « cruciale » en termes de santé publique. La méthode qu’il propose se veut pragmatique, avec des actions concrètes visant à faciliter les modalités d’accès à l’information et à la vaccination. Les entreprises du médicament appellent également au dialogue et à l’instauration d’un partenariat : « Dans le cadre d’une réflexion globale sur la politique vaccinale, le LEEM demande, en tant qu’acteur important de l’écosystème du vaccin, à être pleinement reconnu comme un interlocuteur des autorités en amont des décisions ». Les entreprises du médicament revendiquent en particulier leurs expertises, tant au niveau de la connaissance des pathologies (modalités de prise en charge, caractéristiques épidémiologiques), que de l’information ou de la sensibilisation des usagers du système de santé. Évoquant les polémiques régulières sur les vaccins mais aussi sur les médicaments, le LEEM entend aussi « restaurer la confiance » en privilégiant une démarche « transparente ».
Les 16 propositions élaborées par son comité « vaccinations » sont compatibles avec les préconisations de la Cour des comptes et du rapport d’information du sénateur Georges Labazée fait au nom de la commission des affaires sociales du sénat.
Restaurer la confiance.
Le LEEM préconise en particulier une campagne d’information sur « l’intérêt et les bienfaits de la vaccination », regrettant qu’à ce jour, les actions d’information et de sensibilisation soient assurées principalement par les autorités. Les entreprises occupent « un rôle limité, principalement restreint au financement des initiatives de prévention et de sensibilisation », regrette le LEEM. Et les évolutions legislatives actuelles renforcent encore la tendance, la loi relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé prévoyant que les campagnes publicitaires non institutionnelles auprès du public pour des vaccins ne soient autorisées que sous certaines conditions. Le LEEM estime que leur savoir-faire « pourrait être mis à profit pour servir les objectifs de santé publique nationaux et régionaux ». Le LEEM souhaite en particulier « que les laboratoires puissent s’associer aux autorités de santé, aux professionnels de santé ou encore aux associations de patients pour informer ensemble sur les vaccins ». Le fait de préciser le cadre d’intervention des entreprises du médicament « contribuerait à restaurer la confiance » et permettrait au LEEM de faire valoir ses arguments scientifiques pour contrer certaines contre-vérités véhiculées notamment sur les réseaux sociaux.
Multiplier les lieux de vaccination.
Parmi les autres propositions le LEEM suggère la mise en place d’un blog ou d’un officiel permettant aux experts de diffuser une information juste et sûre. De même, il souhaite le déploiement de consultations de prévention ou encore la généralisation de « coupons de vaccination pour toutes les personnes à risques et pour tous les vaccins concernés ». Par ailleurs, la réflexion sur l’opportunité d’étendre les critères relatifs aux vaccinations du calendrier vaccinal dans le paiement à la performance des professionnels de santé devrait se poursuivre. Les industriels appellent aussi à « multiplier les lieux de vaccination et d’information », notamment à l’école et en médecine du travail.
Ils proposent que se tienne courant 2013 un forum sur les essais cliniques industriels, pour développer les atouts de la France en matière de recherche. Dans le domaine des vaccins, « malgré son positionnement historique (...), la France ne représente plus que 7 % des essais cliniques », contre 40 % aux États-Unis, note le document. Sur le plan économique, le LEEM souhaite que le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) se dote d’un groupe de travail spécifique sur la filière vaccins, avec l’objectif de « créer les conditions propices au maintien d’une production forte sur le territoire ».
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