Une étude sur les Européens et leur santé

Les connaissances sanitaires sont insuffisantes

Publié le 29/10/2012
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L’UNIVERSITÉ de Maastricht (Pays-Bas) a interrogé 8 000 Européens issus de 8 pays (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Espagne, Grèce, Irlande, Pays-Bas et Pologne) sur leurs connaissances générales en matière de santé, en leur posant 47 questions sur leur propre santé, sur les modalités d’accès aux soins ainsi que sur la prévention et la promotion de la santé. Seuls 47 % des répondants sont capables de se repérer « facilement ou très facilement » dans les structures sanitaires de leur pays et d’adopter sans difficulté les meilleures attitudes pour rester en bonne santé. Ce sont les Néerlandais puis les Irlandais qui sont les plus à l’aise dans ces domaines, alors que les Bulgares, suivis des Autrichiens, ont le plus de mal. Cette étude vient d’obtenir un « prix européen de la santé » lors du Forum européen de Gastein (Autriche) où elle a été présentée.

Intérêt des vaccinations mal mesuré.

Plus de 92 % des Européens interrogés estiment « facile ou très facile » d’appeler un service médical d’urgence en cas de besoin. De même, 80 % des interrogés n’ont pas de problèmes pour comprendre ce que leur dit leur médecin ou leur pharmacien, et 85 % d’entre eux se disent bien ou assez bien informés sur les risques sanitaires liés au tabac, à l’alcool et au surpoids.

En revanche, ils sont 40 % à avoir du mal à choisir entre plusieurs options de traitement et presque autant à ne pas savoir s’il est opportun de demander un second avis à un autre praticien. Près de 30 % des questionnés ne mesurent pas vraiment l’intérêt des vaccinations ou des examens de dépistage, et ils sont encore plus nombreux à avoir des doutes sur la pertinence de l’information sur la santé dans les médias. Enfin, un Européen sur deux ignore si un changement de gouvernement ou de politique peut avoir un effet sur sa santé ou non.

L’étude affine ensuite les résultats en les corrélant aux données socio-économiques des répondants. Sans surprise, les Européens les plus éduqués sont aussi les plus à l’aise dans leur système de santé, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils en suivent les recommandations. Être bien informé sur les risques du tabac n’a qu’une faible influence sur sa consommation, car ce sont l’âge, le statut social et les revenus qui déterminent le fait de fumer ou non. Il en est de même, dans une moindre proportion, pour l’alcool et le surpoids. Par contre, connaître les bénéfices d’une activité physique en favorise la pratique.

Ces études sur les difficultés d’accès aux soins et à la prévention, qui ont d’ailleurs été parfois effectuées nationalement, dans quelques pays dont la France, montrent que les performances des systèmes de santé sont partiellement « annulées » par les problèmes d’accès et de compréhension des patients, et notamment de ceux qui en auraient le plus besoin. Elles doivent pousser l’Europe, les États, mais aussi les entreprises, à trouver des solutions innovantes pour réconcilier les citoyens avec la santé et changer les comportements.

Smartphones pour la santé.

Le Forum de Gastein a passé en revue de nombreuses initiatives publiques ou privées visant à ces objectifs. Parmi celles-ci, un annuaire des meilleures applications pour Smartphones sur la santé, choisies parmi les … 14 000 déjà existantes, ou des réflexions sur l’usage des réseaux sociaux à des fins sanitaires. Le Centre européen de contrôle des maladies soutient aussi des pages Facebook destinées à promouvoir les vaccinations en général, et plus particulièrement celle contre le cancer du col. Mais le « langage médical » devrait parfois être simplifié, relèvent de nombreux experts, car il constitue une barrière à la compréhension du public. Les pays germaniques, scandinaves et slaves, utilisent eux aussi des termes médicaux gréco-latins, qui sont donc encore plus décalés qu’en France ou qu’en Italie par rapport à la langue parlée. Il existe d’ailleurs, depuis peu, des applications pour Smartphone qui traduisent la langue médicale dans des langages courants.

 DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9182