Jacques Attali en avait fait une de ses propositions « fondamentales » dans le rapport sur la libération de la croissance qu’il a remis à Nicolas Sarkozy en janvier 2008, une éternité déjà : il faut « redonner à la France tous les moyens (dont ceux de la recherche) pour prendre une place dans les secteur de l’avenir », écrivait-il dans cet ouvrage (1). Et de citer parmi ceux-ci, la santé, les biotechnologies...
Il y a quelques semaines, François Fillon, avant le séminaire gouvernemental qu’il a réuni à Matignon, avait repris cet exemple, en imaginant que les biotechnologies pourraient être l’une des priorités de l’emprunt national annoncé par le président de la République lors du congrès de Versailles le 22 juin prochain et qui doit être lancé en janvier 2010.
Or, même si Alain Juppé et Michel Rocard, les deux anciens premiers ministres, l’un de Jacques Chirac, l’autre de François Mitterrand - chargés de remettre d’ici le 1er novembre leurs propositions au Chef de l’État, pour l’affectation de cet emprunt - ont à peine commencé leur réflexion, il n’en reste pas moins que la santé et les biotechnologies en plein développement, pourraient bien être l’un des domaines qui pourraient bénéficier du produit de cet emprunt. On en veut pour preuve supplémentaire l’annonce par Valérie Pécresse, le 8 Juillet, que ces deux disciplines figuraient également parmi les priorités retenues par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, dans le cadre de la stratégie nationale de la recherche et de l’innovation (SNRI).
Encouragement
Du côté des industriels du secteur des biotechnologies, l’on veut certes rester prudent. Mais il est évident que ces annonces sont accueillies avec d’autant plus de plaisir que les gouvernements et plus largement les pouvoirs publics n’ont pas toujours accordé à ce domaine l’attention que ses partisans pensaient qu’il méritait. Mais les temps ont changé. « Rien n’est encore décidé, et il faut encore attendre un peu avant de commenter cette annonce », dit cependant prudemment André Choulika, nouveau président de France Biotech qui regroupe des entreprises de biotechnologie, mais, ajoute-t-il aussitôt, il est évident que ce serait une « excellente nouvelle pour la croissance et la recherche française de consacrer des investissements importants à ce secteur d’activité ». Le gouvernement et le « Président de la République ont pris conscience qu’il y avait une belle carte à jouer dans ce domaine de la recherche et qu’il fallait monter un grand projet français public privé qui aboutira, si on lui en donne les moyens, à la création dans les trente ans, d’une structure de réputation internationale, », ajoute encore André Choulika. Sans doute, le temps presse-t-il quelque peu. D’autant que les investissements dans le domaine des biotechnologies n’ont cessé de régresser sensiblement au cours des dernières années, comme le montrent plusieurs études.
« La volonté politique de mettre en avant les biotechnologies est une excellente nouvelle », affirme aussi le Dr Didier Hoch qui préside le comité Biotech du LEEM - les entreprises du médicament, organisme qui regroupe les industriels pharmaceutiques présents en France.
« Le fait que le Président Sarkozy et la ministre de la recherche Valérie Pécresse mettent l’accent sur la nécessité de développer ce secteur est un atout évident et un encouragement certain », poursuit-il , et « il y a en effet beaucoup à faire, que ce soit dans le domaine du cancer, de la maladie d’Alzheimer ou des maladies infectieuses ». De même, demande Didier Hoch, « veut-on que la France soit présente en thérapie cellulaire ou en génomique ? ».
Grâce aux possibilités crées par l’emprunt, il sera demain très possible, espère-t-il, de « créer desplateformes public privé où les chercheurs travailleront ensemble sur des axes prioritaires ».
Il n’y a pas aujourd’hui d’entreprise française majeure dans le domaine des biotechnologies mais le pays comble peu à peu son retard en Europe sans rattraper encore le Royaume Uni ou l’Allemagne. Il est évident que les crédits qui pourraient être dégagés dans le cadre de l’emprunt national seraient une opportunité pour ce secteur d’activité même s’il est vrai que les investissements, dans ce domaine ne peuvent porter leurs fruits qu’à long terme. Il ne faut guère compter obtenir un résultat positif d’exploitation d’une entreprise de biotechnologie avant au moins une bonne dizane d’années, voire plus. Et encore à condition que les efforts de recherche soient constants. Raison de plus pour ne pas perdre de temps et donc du terrain sur les autres pays industrialisés qui ont compris depuis longtemps, pour la plupart, l’intérêt d’investir dans cette activité.
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