Hôpital, convergence

Les experts santé des candidats en campagne

Publié le 07/02/2012
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C’EST dans un climat de tension accrue entre établissements publics et cliniques privées (Quotidien du 31 janvier) que des représentants des candidats à la présidentielle ont développé leur vision de l’hôpital, lors des rencontres Santé de l’université Dauphine (Paris).

Le député socialiste de Haute-Garonne Gérard Bapt se démarque du quinquennat Sarkozy : « Nous nous inscrivons en totale contradiction avec la logique de l’hôpital-entreprise instaurée par la loi Hôpital, patients, santé, territoires », insiste-t-il, fustigeant les répercussions de convergence tarifaire (public-privé) prévue par la loi. Pour autant, « tout n’est pas bon à jeter », concède le cardiologue. « On peut garder la tarification à l’activité (T2A), mais sans l’appliquer aux missions de service public comme les urgences ou l’hospitalisation à domicile ». Le député plaide pour « un nouveau pacte social auprès du personnel hospitalier » et « la fin de l’hospitalo-centrisme », reconnaissant l’intérêt des coopérations développées par la loi HPST.

Philippe Juvin (député européen, secrétaire national de l’UMP) constate la baisse de régime des opposants à la loi HPST « qui la condamnaient au bûcher il y a trois ans et n’envisagent plus aujourd’hui de l’abandonner, mais plutôt de la réformer ». Une façon d’expliquer que les réformes s’installent. Il dénonce « l’absurdité » des distorsions tarifaires entre le public et le privé et réclame des efforts de gestion et d’optimisation des hôpitaux dans un contexte financier contraint. « On peut améliorer l’efficience hospitalière sans dépenser plus », soutient-il.

Concurrence déloyale.

Le député de Vendée Jean-Luc Préel (Nouveau Centre) met l’accent sur l’égalité dans l’accès aux soins qui passe par « l’accueil de tous à tarif remboursable, de jour comme de nuit » et la résolution du « problème majeur des dépassements d’honoraires » (y compris dans le secteur privé hospitalier). Il déplore la dérive vers un hôpital « déshumanisé », épinglant tout à la fois les 35 heures, la T2A et la loi Bachelot. Mais il se réjouit des coopérations territoriales : « Il faut développer les passerelles entre l’hôpital et les libéraux ».

Jean-Luc Véret, représentant d’Europe Ecologie-Les Verts, est le plus alarmiste. Parlant de « crise sanitaire », le médecin de santé publique fustige « la concurrence déloyale entre l’hôpital public et les cliniques si l’on appliquait la convergence tarifaire telle que prévue sous les modalités actuelles ». Et de mettre en garde : « Vous voulez banaliser la privatisation de notre système de santé ? Quand les inégalités sociales et les laissés-pour-compte auront augmenté, viendra l’heure d’assumer les actes ». Il préfère la création de maisons de santé plurisdiciplinaires avec des médecins généralistes salariés.

ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9079