Organisé tous les deux ans par l’Automobile Club Médical de France (ACMF), le congrès « route et médecine » qui vient de se tenir à Paris a déploré la dégradation, pour la première fois depuis longtemps, du nombre de morts sur les routes, alors que la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires, mais aussi l’introduction des éthylotests anti démarrage (EAD) permettraient de sauver de nombreuses vies.
Pour le Dr Philippe Lauwick, président de l’ACMF, l’objectif de passer sous la barre des 2 000 tués en 2020 ne pourra être atteint sans ces mesures. Le Pr Claude Got a noté lui aussi que « la sécurité routière se détériore dès que l’État cesse d’agir ». Toutefois, la Délégation Interministérielle à la Sécurité Routière (DISR) a annoncé l’élaboration d’un cadre juridique pour la prescription des EAD par les médecins du permis de conduire, et l’utilisation prochaine, par les forces de l’ordre, de nouveaux tests salivaires de dépistage des stupéfiants plus rapides que les tests actuels. La DISR souhaite, par ailleurs, que les médecins du permis de conduire soient mieux formés en addictologie et au repérage précoce de l’alcool.
Personnes agées : respecter le secret
Destiné à répondre aux questions concrètes des médecins face à la conduite de leurs patients, le congrès a consacré un atelier aux conducteurs âgés, rappelant que, contrairement aux idées reçues, ils n’occasionnent pas plus d’accidents que les autres conducteurs… et sont bien moins dangereux que les jeunes au volant. Il est donc inutile et contreproductif, d’empêcher ces personnes âgées de conduire : un arrêt imposé risque de les rendre beaucoup plus vulnérables et dépendantes que lorsqu’elles conduisent. La plupart des conducteurs âgés arrêtent de conduire lorsqu’ils ne s’en sentent plus capables, mais certains, notamment les déments débutants, refusent de « raccrocher ». Dans de tels cas, le médecin traitant n’a pas le droit de signaler le conducteur aux pouvoirs publics, mais doit tenter de le raisonner, y compris en dialoguant avec ses proches. Un médecin qui décèle une incapacité à la conduite, quelle qu’en soit la raison, est tenu d’informer son patient et, sur le plan médico-légal, de prouver qu’il a fait cette information. Mais il ne peut pas alerter les autorités sous peine de violer le secret médical, comme l’a rappelé une nouvelle fois l’Ordre lors du congrès.
Somnolence au volant
Le congrès s’est penché ensuite sur la somnolence au volant, qui serait responsable d’un accident mortel sur trois en Europe. Les Français dorment trop peu et 20 % des conducteurs de notre pays avouent parfois somnoler au volant, et 6 % « souvent ». Un sur dix s’est déjà endormi en conduisant, notamment sur le trajet de travail, et 7 % a eu un accident mineur pour cette raison. Plus préoccupant encore, 3 % des conducteurs se sont endormis plusieurs fois. Outre le manque de sommeil, les apnées du sommeil, fréquentes mais traitables, favorisent l’endormissement au volant, de même que des affections rares comme la narcolepsie. Comme l’a rappelé le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée, le meilleur remède à la somnolence au volant reste la sieste de 20 à 30 minutes, complétée par un café et quelques pas à l’air frais. Les autres « trucs », comme monter le son de la radio ou ouvrir la fenêtre, n’ont qu’un effet minime pendant un temps très court. C’est surtout après 22 heures que les effets de la somnolence se font sentir, encore plus quand on conduit longtemps : conduire fatigué la nuit pendant 4 heures équivaut à circuler avec une alcoolémie d’un gramme.
Le manque de sommeil affecte aussi les conducteurs professionnels, dont le Pr Alain Cantineau ( Strasbourg) a présenté les principales pathologies. Il a rappelé l’impact, chez les camionneurs, du port de charges lourdes lors des chargements et déchargements, ainsi que celui des vibrations et du bruit. Il a surtout insisté sur les effets psychiques du travail en horaires décalés, de l’éloignement familial et du stress lié notamment à l’obligation de respecter les délais de livraisons et les exigences souvent excessives des employeurs.
Améliorer les secours
Enfin, plusieurs mises au point sur l’organisation des services de secours ont souligné la nécessité d’une meilleure coordination entre tous les intervenants, et d’un triage optimal qui amène toutes les victimes non pas à l’hôpital le plus proche, mais dans celui qui sera le mieux adapté à leur état. Le triage et la régulation sont facilités par l’utilisation de grilles et d’algorithmes définissant des indices de gravité, mais ces documents ne sont pas assez connus et diffusés. De même, les médecins des SAMU estiment que les premiers intervenants, dont les secouristes, devraient être mieux formés à l’appel qu’ils ne le sont actuellement.
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