La campagne pour la primaire de la droite à peine lancée, les candidats des Républicains se sont retrouvés à Marseille pour dévoiler leurs propositions devant les médecins libéraux du SML, réunis en congrès pendant trois jours. Pendant cette opération séduction, chacun a essayé de répondre aux attentes des adhérents du syndicat, très libéral.
La plupart d'entre eux ont fait la promesse d'abroger le tiers payant généralisé obligatoire. Jean-François Copé, qui a ouvert le bal le premier jour du congrès, souhaite ainsi le supprimer car il n'est justifié « ni par l'accès aux soins, ni par l'efficience du système de santé », selon le député-maire de Meaux.
Le lendemain, François Fillon est resté sur la même ligne, parlant de « marche forcée du gouvernement avec le tiers payant, inutile et nocif pour les Français ». « Si j'ai la responsabilité de ce pays, je le ferai abroger », a promis l'ancien Premier ministre.
Enfin, Claude Greff, députée d'Indre-et-Loire (LR) qui soutient Nicolas Sarkozy, a joué la carte des sentiments. « Avec la loi santé, vous n’avez jamais été aussi maltraités, victimes de l’idéologie du tiers payant généralisé et de la volonté de fonctionnariser, vous qui êtes des hommes et des femmes dévoués », a insisté la parlementaire, qui a assuré, elle aussi, l'abrogation du tiers payant obligatoire par Nicolas Sarkozy s'il était élu.
Compagnonnage, centres ambulatoires universitaires…
Les hommes et femmes politiques présents ne se sont cependant pas arrêtés au sujet du tiers payant. Jean-François Copé a ainsi annoncé le renforcement de l'autonomie des hôpitaux publics et sa volonté de mettre en place un paiement à la qualité de tous les établissements de santé. Sans surprise, il veut lutter contre les déserts médicaux, en réformant les études médicales, et supprimer le 8 mai pour financer la recherche sur les maladies du vieillissement et faire de chaque hôpital fermé un EHPAD.
Le Dr Jean Leonetti, qui est intervenu pour le compte d'Alain Juppé, s'est positionné en faveur du compagnonnage, une idée chère au SML. Selon lui, un médecin en fin d'activité pourrait prendre un étudiant « sous son aile », lui permettant ensuite de passer du stage à l'association temporaire.
Le cardiologue, député-maire d'Antibes, souhaite le déploiement de la télémédecine et de sa rémunération, et veut réformer l'ONDAM, pour lui permettre d'évoluer selon les contrats et les besoins. « Il faut arrêter de parler du plan Juppé de 1995 et passer au futur », a affirmé le Dr Leonetti, à la suite d'une question de la salle.
L'ancienne ministre Nathalie Kosciusko-Morizet a elle aussi l'intention de redonner « du lustre à l'exercice de ville ». Elle a proposé de mettre en place des centres ambulatoires universitaires pour valoriser les structures libérales, une idée qu'affectionne aussi le SML. La députée de l'Essonne souhaite par ailleurs revoir les négociations conventionnelles et en a profité pour critiquer vertement la ministre de la Santé. « Marisol Touraine fait preuve de sectarisme ; or, normalement, c’est le fait des gens idiots, ce qu'elle n'est pas… Je ne comprends pas », a ironisé NKM, recevant quelques applaudissements d'une salle clairsemée.
Fillon très applaudi
Claude Greff a tenté la même recette, en parlant de « l’autoritarisme unilatéral de Marisol Touraine », avant d'introduire le grand plan médecine libérale 2020 proposé par Nicolas Sarkozy et que l'ancien chef de l'État a récemment présenté à Franconville.
« Nous commencerons par donner du temps aux médecins, en les déchargeant des tâches administratives, a expliqué la députée. Et nous travaillerons dès juillet 2017 sur cette grande loi du quinquennat. »
Comme Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy souhaite que les hôpitaux deviennent autonomes. « Nous ne voulons plus que les établissements soient empêchés de travailler ensemble à cause des tutelles et des statuts, on voit le désastre des GHT », a annoncé Claude Greff, qui a évoqué l'urgence de relancer des plans Alzheimer, Cancer et Autisme.
Mais c'est François Fillon, déjà présent l'an dernier au congrès du SML, qui a finalement été le plus acclamé par l'auditoire.
L'ancien Premier ministre a lancé un message fort aux médecins libéraux, en évoquant notamment leur liberté d'installation et leur pouvoir d'initiative. Il a indiqué qu'il fallait revoir la gestion de la Sécu et baisser les charges sociales. Il est également revenu sur le rôle et la gouvernance des ARS, « qui posent aujourd’hui un problème, et je le dis avec humilité car je les ai créées ».
Enfin, il est le seul à avoir qualifié le C à 25 euros de « rattrapage ». « Ce n’est qu’un pansement, il faut définir le juste prix de l’acte pour redonner de l'attrait à la carrière médicale », a déclaré François Fillon, désignant la médecine libérale comme le « fil d’Ariane » de ses propositions en santé.
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