Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » publie ce mardi, les nouvelles recommandations sanitaires pour les voyageurs. La version 2014 « se distingue des précédentes par la partie très importante consacrée à la prise en compte des maladies d’importation, souvent d’apparence banale au retour de voyages (pneumopathies, fièvre, dermatose), mais susceptibles de générer des problèmes de santé publique en France », souligne dans l’éditorial le Pr Éric Caumes, président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) chargé de l’élaboration de ces recommandations.
Dengue, chikungunya, zika
Les risques pour la santé publique sont essentiellement un risque d’implantation, notamment des arboviroses comme la dengue, le chikungunya ou le zika qui sévissent actuellement aux Antilles et en Guyane pour les deux premières et dans la région Pacifique pour la troisième (Polynésie française et Nouvelle-Calédonie). Pour ces départements et territoire d’Outre-mer, « il est déjà trop tard », déplore le Pr Caumes – aux Antilles et en Guyane, où la dengue s’est implantée il y a plusieurs décennies avant que n’arrive le chikungunya, l’espoir est maintenant celui d’une élimination. En revanche, en Métropole, la menace est bien réelle avec un risque d’importation et d’introduction dans le sud de la France avec la présence d’Aedes albopictus dans 17 départements. « Le fait que la dengue soit apparue à Madère et que le paludisme soit réapparu en Grèce il y a quelques années est une autre raison d’être vigilant vis-à-vis des maladies vectorielles », insiste le Pr Caumes.
Parmi les autres menaces, figurent en bonne place les infections respiratoires : grippes aviaires A(H7N9) et A(H5N1). Des cas d’importation ont été signalés à Hong Kong et à Taïwan pour le premier, au Canada pour le second. La seule voie de transmission observée pour l’heure est le contact direct ou indirect avec de la volaille infectée, mais ces virus restent sous haute surveillance en raison de leur potentiel d’humanisation qui faciliterait leur transmission à l’homme. Le coronavirus, également sous surveillance, a déjà acquis la capacité de transmission interhumaine. Des cas importés ont déjà été signalés en Jordanie, au Royaume-Uni, en France, en Tunisie, en Égypte et en Italie.
Tuberculoses résistantes et bactéries hautement résistantes
Les formes résistantes de tuberculose représentent aussi un risque « plus réel mais aussi plus sournois » du fait de sa plus longue durée d’incubation. Les pays d’Europe de l’Est sont parmi les pourvoyeurs de telles formes. Toutefois, précise le Pr Caumes, « plutôt que se focaliser sur certains pays à risque, mieux vaut retenir que toute tuberculose récidivante doit être considérée comme à risque d’être résistante et faire l’objet d’une prise en charge spécialisée pour ne pas risquer de transformer une forme MDR ou XDR en forme XXDR, voire TDR ».
Les bactéries hautement résistantes aux antibiotiques et émergentes (entérobactéries productrices de carbapénèmases et Enterococcus faecium) font l’objet de recommandations spécifiques depuis 2013 : dépistage systématique de tout patient ayant été hospitalisé à l’étranger dans l’année qui précède son hospitalisation en France. Enfin, le risque d’importation de la rage animale « ne doit pas être pris à la légère, afin de ne pas faire le lit de sa réapparition en France et pour éviter des cas humains », insiste le Pr Caumes. Un paragraphe renvoie aux recommandations du HCSP pour le virus Ebola.
Part des maladies non infectieuses en hausse
Comme chaque année, l’avis daté du 28 avril, met l’accent sur la prévention des maladies infectieuses et notamment sur le paludisme. Vaccination, chimioprophylaxie et règles hygiénodiététique restent le triptyque sur lequel doit reposer cette prévention.
Pourtant, la part des maladies non infectieuses comme le mal d’altitude, le mal des transports, les traumatismes et blessures d’origine accidentelle ou intentionnelle est en augmentation. Parmi les voyageurs, 15 à 20 % seront malades. Le risque de décès par mois de voyage est, lui, estimé à 1 pour 100 000 (un taux qui grimpe à 1 pour 10 000 pour les personnes impliquées dans des opérations humanitaires. « Les infections ne rendent compte que de 1 à 3 % des décès », précise l’avis. La mortalité en voyage majoritairement d’origine cardiovasculaire (dans la moitié des cas), les autres causes se partageant entre accidents de la voie publique, noyades, homicides et suicides. Les recommandations rappellent comme l’an dernier les mesures de prévention des problèmes liés à l’exposition au soleil, à l’altitude et au mal des transports.
Risque thrombo-embolique, pour la première fois
Pour la première fois cette année, elles portent sur la prise en compte du décalage horaire et la prévention des maladies thrombo-emboliques. Le transport aérien apparaît comme un facteur de risque faible de thrombose veineuse (risque multiplié par 2). La présence d’un facteur de risque indépendant (âge, antécédents de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire, thrombophilie, contraception œstroprogestative ou œstrogénothérapie, obésité, varices, intervention chirurgicale récente, tabagisme, grossesse) justifie le port d’une contention élastique de classe 2 pour tous les voyages de plus de 6 heures. Les héparines de bas poids moléculaire ou le fondaparinux (inhibiteur du facteur X) n’ont pas d’indication validée mais sont parfois prescrits hors AMM à dose prophylactique chez les sujets pour lesquels la contention n’est pas possible ou en cas de risque très élevé. « La prise d’aspirine ne prévient pas les thromboses veineuses », souligne l’avis dans lequel sont également précisées les contre-indications aux voyages aériens, notamment nourrissons âgés de moins de 48 heures et femmes enceintes après la 36e semaine (32e en cas de grossesse multiple).
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