Les outre-mer, et en particulier la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion, seront confrontées dans les années à venir à un vieillissement « très rapide » de leur population, s’inquiète un rapport d’information parlementaire, remis le 6 février par les députées Stéphanie Atger (LREM) et Ericka Bareigts (PS).
Alors que ces départements sont marqués par « une précarité économique et sanitaire élevée », les députées formulent une série de préconisations pour apporter des réponses adaptées à cet « enjeu majeur de santé publique ».
Une entrée plus précoce dans la dépendance
Selon les projections de l’INSEE, la part des 60 ans et plus atteindra, d’ici 2030, 36 % en Martinique, 34 % en Guadeloupe et 28 % à La Réunion. Dans l’Hexagone, les 60 ans et plus représenteront 33 % de la population seulement en 2050. Le phénomène est « amplifié par les mouvements migratoires qui privent certains départements d’une partie de leur population jeune partie étudier ou vivre en France hexagonale alors qu’en sens inverse, certains qui ont fini leur carrière rentrent au pays y passer leurs vieux jours », notent les députées.
Ce vieillissement se caractérise par ailleurs par une « entrée plus précoce dans la dépendance » liée à une précarité sanitaire et économique, « l’absence de moyens financiers contribuant à ce qu’une partie importante de la population renonce à se soigner », observent les autrices. En conséquence, alors que les seniors des outre-mer sont en moyenne plus jeunes qu’en métropole, ils sont plus nombreux en perte d’autonomie (19 %) qu’en moyenne nationale.
L’offre d’établissements pour personnes âgées dépendantes est pourtant jugée insuffisante et le parc des EHPAD « très vieillissant », avec des établissements « très vétustes voire délabrés », soulignent les députées. Dans ce contexte, elles appellent à une mobilisation des services de l’État, invités à faire de ces départements des territoires d’expérimentation de la prise en charge liée au grand âge et à l’autonomie : « l’État doit faire de ces expériences des réussites pour les adapter, ensuite, à l’ensemble du territoire », plaident-elles.
Rendre attractifs les métiers du grand âge
Les députées avancent ainsi une série de préconisations destinées à compléter celles émises dans le rapport « Grand âge et autonomie » de mars dernier (1). Elles recommandent d’améliorer l’attractivité des métiers liés au grand âge dans les outre-mer, par la création de Centre de formations d’apprentis (CFA).
Les préconisations portent également sur l’installation de médecins spécialistes du grand âge (gériatres et neurologues, notamment), qu’il faut favoriser, et sur la création d’un rendez-vous médical de prévention de l’avancée en âge qui « pourrait intervenir au moment du passage à la retraite, entre 60 et 65 ans ».
La télémédecine doit également être promue et le rôle des médecins coordonnateur en EHPAD doit être renforcé, notamment en cas d’urgence, cas où ce sont « les médecins traitants de chaque patient qui restent compétents ».
Le rapport recommande par ailleurs d’inciter les préfets à mieux coordonner les politiques liées au grand âge et à la dépendance, à adapter l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour « tenir compte des différences d’espérance de vie et de survenue de la dépendance dans les outre-mer », ou encore à améliorer les connaissances sur le grand âge par des enquêtes statistiques et des études de cohorte et à sensibiliser les populations « dans la durée ».
(1) Rapport de M. Dominique Libault sur la concertation « Grand âge et autonomie : 175 propositions pour une politique nouvelle et forte du grand âge en France », 28 mars 2019
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation