Les patients qui se sentent en mauvaise santé à cause du stress doivent être pris au sérieux

Publié le 27/06/2013
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Crédit photo : PHANIE

« Docteur, je me sens en mauvaise santé à cause de mon stress » est une plainte des patients à ne pas prendre à la légère. Une étude de l’INSERM montre que chez les sujets qui ont cette perception, le risque d’infarctus et de décès par ischémie coronarienne est plus que doublé (critère composite).

Pour savoir s’il existe une relation entre un ressenti de stress et une pathologie grave spécifique du stress, qui est l’ischémie coronarienne, Hermann Nabi et coll. (INSERM U1018, Centre de recherche en épidémiologie de santé des populations), ont collecté des données chez des sujets se déclarant malades à cause du stress.

Les patients ont été invités à répondre à la question : « Dans quelle mesure estimez-vous que le stress ou la pression que vous avez vécu dans votre vie a une incidence sur votre santé », une question faisant partie d’un questionnaire établi dans le cadre de la cohorte Whitehall II. Les personnes devaient cocher une réponse parmi 3 propositions : « pas du tout », « légèrement ou modérément », « beaucoup ou extrêmement ».

Les 7 268 participants (49,5 ans d’âge moyen) ont également été interrogés sur d’autres facteurs influents, tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation, les niveaux d’activité physique. On a pris en compte des paramètres tels que la TA, le diabète, l’IMC ainsi que des données socio-économiques.

Risque multiplié par 2

Pendant les 18 ans de suivi, 352 décès par ischémie coronaire ou survenue d’un premier infarctus (critère composite) ont été enregistrés. Après ajustement pour les facteurs socio-économiques, les chercheurs ont montré que les personnes qui déclarent que leur santé est « beaucoup ou extrêmement » affectée par le stress ont un risque 2,21 fois plus important de décès coronarien ou d’infarctus incident non fatal, comparés à ceux qui n’ont pas rapporté d’effet du stress sur leur santé. Après ajustement pour les facteurs comportementaux ou de support social, le RR complètement ajusté demeure significatif, de 1,49.

Ainsi, une perception que le stress retentit sur la santé d’un sujet, ce qui est différent de la simple perception d’un stress, est associée à une pathologie réelle.

Maintenant, des études d’intervention sont nécessaires pour déterminer si ce poids pathologique peut être réduit par un support clinique spécifique auprès de ces sujets.

« D’un point de vue clinique, ces résultats suggèrent que la perception qu’ont les patients de l’impact du stress sur leur santé peut être très précise, dans la mesure où elle prédit un événement de santé aussi grave et fréquent que la maladie coronaire », concluent Nabi et coll.

European Heart Journal, 26 juin 2013.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr