Les femmes enceintes résidant à proximité de terres agricoles traitées par pesticides ont un risque augmenté de 66 % d’avoir un enfant atteint de trouble autistique ou de retard de développement. Ce sont les conclusions de l’étude californienne CHARGE (Childhood Autism Risks from Genetics and Environment), qui viennent confirmer les liens suspectés entre autisme et exposition aux pesticides pendant la grossesse.
« Nous avons constaté que plusieurs types de pesticides ont été couramment utilisés près des habitations où les enfants ont développé des troubles autistiques ou ont présenté des retards de développement », a expliqué Irva Hertz-Picciotto, l’auteur senior et vice-présidente du département de Sciences et de Santé publique à l’université Davis de Californie. L’association était plus forte en cas d’exposition au cours des 2e et 3e trimestres.
Des champs alentours
L’équipe dirigée par Janie Shelton s’est appuyée sur les questionnaires remplis par les parents de près de 1 000 enfants (n=970) résidant en Californie. Les cas étaient des enfants âgés de 2 à 5 ans, présentant un trouble autistique (n=486) ou un retard de développement (n=168), pour 316 enfants témoins.
Alors que la loi de l’état de Californie impose de renseigner le type de pesticides utilisés et en quelles quantités, les chercheurs ont été capables de corréler le lieu de résidence lors de la grossesse à l’environnement agricole alentours, à la fois en termes de proximité, c’est-à-dire dans un rayon de 1,25 km, 1,5 km ou 1,75 km, et en termes de type de pesticides appliqués, organophosphates, organochlorés, pyréthrinoïdes et carbamates.
Le danger des organosphosphorés
La majorité des cas de l’étude CHARGE vivaient dans la vallée de Sacramento, la vallée centrale et la baie de San Francisco. Environ un tiers des mamans d’enfants atteints avaient résidé pendant leur grossesse à moins de 1,5 km d’une zone agricole traitée. L’exposition aux organophosphorés a augmenté de 60 % le risque de trouble du spectre autistique, l’a multiplié par 2 en cas d’exposition au 3e trimestre voire l’a triplé pour le composé spécifique chlorpyrifos. Quant aux pyréthrinoïdes, les termes les plus vulnérables étaient la période préconceptionnelle et le 3e trimestre avec un risque multiplié d’un facteur allant de 1,7 à 2,3. Les carbamates ont augmenté le risque de retard de développement, quel que soit le terme lors de l’exposition.
Même si les auteurs soulignent la nécessité de poursuivre les recherches et de préciser la sensibilité à l’exposition en fonction de sous-groupes, l’équipe conclut que le « message est très clair : les femmes enceintes doivent faire attention à éviter tout contact avec les produits chimiques de l’agriculture ». Les auteurs insistent sur l’intérêt de suivre une supplémentation vitaminique pendant la grossesse, les folates en période périconceptionnelle ayant apporté la preuve de leur efficacité dans la prévention de l’autisme. L’incidence de la maladie a fortement augmenté aux États-Unis touchant un enfant sur 68 en 2010 contre un enfant sur 150 en 2000.
Environmental Health Perspectives, publié en ligne le 23 juin 2014
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