Des chercheurs britanniques ont étudié l’impact des photos choc imprimées sur les paquets de cigarettes chez les jeunes Britanniques. Les résultats publiés dans « Tobacco Control », une revue du groupe « British Medical Journal » montrent que ce type de message peut dissuader ceux qui n’ont jamais fumé ou ceux qui fument occasionnellement.
La Grande-Bretagne a été le troisième pays à imposer les messages d’avertissement avec photos sur les paquets de cigarettes depuis octobre 2008. Cette mesure existe aujourd’hui dans une soixantaine de pays dont la France. Gerard Hastings et coll. ont interrogé, en août et en septembre 2008, 1 401 jeunes britanniques de 11 à 16 ans sur les messages apposés sur des paquets de cigarettes couvrant 43 % de la face avant et 53 % de la face arrière. Ils ont renouvelé l’opération 3 ans plus tard auprès de 1 373 autres, interrogés entre août et septembre 2011 avec le même message mais cette fois renforcé par une image choc à l’arrière du paquet.
« Fumer tue », le message le mieux retenu
Parmi les jeunes interrogés, 68 % en 2008 et 75 % en 2009 n’avaient jamais fumé ; 22 et 17 % étaient des fumeurs occasionnels, les fumeurs réguliers représentant respectivement 10 et 8 % de l’échantillon. Entre les deux vagues d’entretien, les auteurs n’enregistrent aucune modification quant à l’impact sur les adolescents : 51 puis 50 % disent avoir « souvent » ou « très souvent » remarqué ces messages au cours du mois précédent l’entretien ; 22 et 20 % expliquent les avoir « souvent » ou « très souvent » lu. La seule évolution concerne le groupe des fumeurs réguliers dans lequel une certaine banalisation des messages est observée : 66 % d’entre eux déclaraient avoir remarqué les avertissements en 2011 alors qu’ils étaient 77 % en 2008.
Quant à la teneur du message écrit situé sur le devant du paquet, 58 % des personnes interrogées en 2008 ont cité « Fumer tue » et 41 %, « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». En 2011, les messages qui ont le plus retenu l’attention sont les mêmes mais à un moindre degré : « Fumer tue » (47 % des jeunes) et « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage » (25 %). Seulement 3 messages ont bénéficié de l’apport de l’image choc : « Fumer provoque le cancer mortel du poumon » avec l’image d’un poumon sain comparé à un poumon malade, cité par 33 % des jeunes en 2011 (11 % en 2008) ; « La fumée contient du benzène, des nitrosamines, du formaldéhyde et du cyanure d’hydrogène » avec l’image d’une bouche et d’un sourire déformés par de multiples lésions, évoqué par 13 % des jeunes en 2011 (< 1 % en 2008) ; « Fumer peut entraîner une mort lente et douloureuse » avec l’image d’une tumeur du cou, retenu par 16 % des jeunes (< 1 % en 2008).
Comportements d’évitement
Les auteurs font observer que « dans la mesure où les avertissements doivent être saisissants pour être efficaces, placer des photos sur les parties les moins visibles du paquet limite leur impact ». Ils observent que la publication des mêmes photos a probablement émoussé leur effet au bout de 3 ans, en particulier chez les fumeurs. De plus, entre 2008 et 2011, les comportements d’évitement ont augmenté chez les fumeurs réguliers, de 12 % à 23 %
Quatorze clichés (poumons noircis, dents abîmées, goitre...) ont été choisis sur une liste proposée par l’Union européenne, mais ils n’occupent qu’une partie de la surface et seulement sur le dos du paquet, comme c’est le cas également au Royaume-Uni depuis 2008. Selon les chercheurs, aucun pays européen n’applique à ce jour la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui prévoit que les avertissements sanitaires couvrent la moitié de la surface du paquet.
La loi européenne sur le tabac retardée
L’industrie du tabac a obtenu le report du vote d’une directive censé renforcer la lutte contre le tabac au niveau européen. Le texte visant à durcir la législation sur le tabagisme qui devait être discuté et voté la semaine prochaine à l’occasion de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg a été reporté à la session d’octobre. Le texte prévoit notamment de diminuer l’attrait des produits du tabac en particulier pour les jeunes et les femmes. Il prévoit ainsi l’interdiction de l’utilisation des arômes dans les produits du tabac, les cigarettes fines et les « étiquettes trompeuses » (comme la mention « light »). Il demande que les avertissements de santé occupent 75 % de la surface des paquets de cigarettes.
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité