À un mois de la conférence internationale sur le sida, AIDS 2012 de Washington, la « Commission mondiale sur la politique en matière de drogue » a présenté à Londres un nouveau rapport dans lequel elle plaide pour un changement de politique, estimant que l’approche répressive aggravait la propagation du sida. « La guerre mondiale contre la drogue accélère la pandémie du VIH/sida parmi les usagers de drogues et leurs partenaires sexuels », ont affirmé les membres de la commission parmi lesquels figurent six anciens présidents et des personnalités comme Richard Branson et Javier Solana.
Ils ont été rejoints cette année par le Pr Michel Kazatchkine, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida. Dans son premier rapport publié en juin 2011, la Commission avait déjà fait un constat cuisant : « La guerre mondiale contre la drogue a échoué. Avec des conséquences dévastatrices pour les hommes et pour les sociétés ». Elle soulignait aussi : « Les efforts de répression ciblant les consommateurs vont à l’encontre des mesures de santé publique visant à prévenir la transmission du VIH/sida, les décès par surdose et les autres dommages liés à l’usage de drogues ».
Évolution en France
Le nouveau rapport intitulé : « La guerre contre la drogue et le VIH/sida, comment la criminalisation de l’usage de drogue aggrave la pandémie » est encore plus explicite. « Les études menées partout dans le monde montrent de façon constante que les politiques répressives de lutte contre la drogue empêchent l’accès des usagers de drogue aux services publics de santé et les maintiennent dans des milieux marginaux où le risque d’infection par le VIH est très élevé », relève la Commission. Elle estime que l’emprisonnement des auteurs de délits non violents liés à la drogue joue un « rôle majeur » dans la propagation du virus.
Parmi les mauvais élèves, la Commission cite les États-Unis, la Russie et la Thaïlande qui ont choisi « d’ignorer » les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé en matière de prévention du sida. À l’inverse les pays qui ont considéré que la lutte contre les toxicomanies relevait de la santé publique, le nombre de nouvelles infections parmi les usagers de drogues a fortement diminué. Parmi les mesures efficaces le rapport cite les programmes d’échanges de seringues, le recours au traitement de substitution (y compris la prescription d’héroïne) ou la mise à disposition de salles d’injection supervisée comme le montrent les exemples de la Suisse ou du Canada.
En France, la position des autorités évolue après les vifs débats de l’année 2010 - l’ancien premier ministre François Fillon soutenu par la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) ayant clairement affirmé leur opposition à toute expérimentation de ce genre. La nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine a expliqué que les salles de consommation à moindre risque étaient « utiles et intéressantes » et a confirmé l’engagement de François Hollande de permettre de les expérimenter dans des villes comme Paris ou Marseille. Le successeur d’Étienne Apaire à la tête de la MILDT n’est toujours pas connu.
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