De ce point de vue, la conférence de presse de lundi dernier manquait de nouveautés. On savait qu’il considérait comme une erreur la suppression de la hausse de la TVA dite sociale ; il l’a confirmé. Il n’est pas question de modifier la semaine de 35 heures, car Manuel Valls l’a dit, ce que M. Hollande répète après son Premier ministre ; on avait appris pendant le week end que des avions militaires français survoleraient dorénavant la Syrie, c’est chose faite ; on n’ignorait pas que les impôts diminueraient de 2 milliards en 2016, mais le sujet a donné lieu à un long échange entre les journalistes et le chef de l’Etat. J’ajoute que la description du régime sous les traits d’une monarchie présidentielle est justifiée par la longueur des conférences de presse à l’Elysée, un peu comme si à un pouvoir aussi impressionnant et respectable il fallait accorder plus de temps qu’au ministre lambda. M. Hollande a procédé à une réforme en fixant à deux heures la durée de l’échange et à 15 minutes seulement le temps de son préambule, toutes dispositions qui, dans d’autres pays où l`on fixe des limites au temps réservé à la communication, seraient encore ridicules.
Mais ce n’est pas le plus important. Je crois qu’en affichant une mine grave et en s’efforçant de limiter le nombre de ses petites blagues, le président de la République a voulu montrer avant toute chose que, s’il mesure la gravité de la crise humanitaire qui menace de disloquer l’Europe, il ne tombe pas dans l’enthousiasme frénétique avec lequel les réfugiés syriens sont accueillis en Allemagne. Il a bien fixé les règles du jeu : on ne rejettera pas ces exilés, mais on ne leur ouvrira pas les frontières sans procéder aux formalités indispensables. Il comprend l’émotion générale, mais il ne veut pas formuler une politique axée uniquement sur des sentiments qui, par nature, sont évanescents. Et il s’opposera à une « invasion » du pays qu’aucune règle ne contrôlerait.
La vie devant soi ?
Autrement, on ne comprend pas trop pourquoi nous allons survoler la Syrie et ce que nous y ferons qui aurait un effet sur la suite des événements tragiques qui s’y produisent depuis quatre ans. Quelle sorte de stratégie est celle-ci, qui ne peut que s’appuyer sur le renseignement et la logistique des Etats-Unis ? M. Hollande nous dit qu’il veut combattre Daech et Bachar Al Assad à la fois, mais personne ne croit, surtout pas lui, que la France a les moyens de renverser le cours de l’histoire. Le président s’est d’ailleurs bien gardé d’envisager une offensive terrestre. Là, on est plus dans le domaine de l’analyse que dans les actes : l’idée est que la question des migrants commence avec Daech et que la bonne façon de la traiter, c’est d’en finir avec les djihadistes qui sont sur place. Non seulement la France ne saurait aller seule au casse-pipe, mais elle a des différences tactiques avec ses alliés : elle ne veut pas jouer Bachar contre Daech, et elle a raison. Comme l’a dit le président, si nous sommes intervenus au Mali et dans le Sahel, c’est parce que nous avions les moyens de donner un coup d’arrêt à l’invasion. Le sous-entendu, c’est que nous ne nous engageons pas là où nous n’avons aucune chance de l’emporter.
De la même manière, quand M. Hollande évoque une réforme fiscale qui aurait lieu après son mandat actuel, quand il constate que la grande conférence sur le climat est compromise par l’insuffisance des engagements financiers, quand il envisage des réformes institutionnelles sans savoir quand ou comment, il ne donne pas l’impression qu’il va régler tous ces problèmes mais qu’il avisera selon ce qui se produira entre-temps. C’est une façon de reconnaître que les échéances électorales contiennent des inconnues essentielles et que, compte tenu de la charge législative déjà imposée au Parlement, il vaut mieux ne pas prétendre que l’on a la vie devant soi, alors qu’un verdict populaire peut contraindre M. Hollande à se contenter d’un seul mandat.
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