« TOUT ÇA POUR ÇA ? » interroge le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH). « Un simulacre de concertation », regrette le Syndicat national des psychiatres privés (SNPP). Avant même sa publication, le nouveau plan santé mentale (2011-2015) déçoit la profession. Ce plan surprend tout d’abord par sa forme. Un document de travail transmis par le ministère de la Santé au « Quotidien » le présente comme un « plan de nouvelle génération, qui fait le choix de se concentrer sur des objectifs stratégiques, lisibles par tous ». Aux agences régionales de santé, administrations centrales et autres « opérateurs nationaux » de les mettre en œuvre par des actions concrètes et spécifiques aux divers territoires de santé. Leurs contributions devront être transmises avant l’été prochain à la Direction générale de la santé (DGS) « au moyen d’une fiche signalétique qui aura pour vocation à être annexée au Plan psychiatrie santé mentale ». Chaque année, une conférence du plan sera organisée sous la présidence des ministères de la Santé et des Solidarités pour faire le point sur la « mise en œuvre des feuilles de route des différentes institutions ». Ce nouveau plan « stratégique » s’articule en quatre axes généraux : « prévenir et réduire les ruptures au cours de la vie de la personne » ; « prévenir et réduire les ruptures selon les publics et les territoires » ; « prévenir et réduire les ruptures entre la psychiatrie et son environnement sociétal » ; « prévenir et réduire les ruptures entre les savoirs ». Autrement dit, les quatre axes initialement fixés par le ministère en octobre 2011 dans un premier document de travail sont demeurés les mêmes.
Des principes généraux.
À l’intérieur de ces axes, le dernier document de travail ministériel daté de janvier formule pour l’essentiel, des principes d’action généraux, ponctués de quelques mesures concrètes. Ainsi, pour renforcer le dialogue entre psychiatrie et société, le plan prévoit la création d’une semaine d’information annuelle sur la santé mentale ou un pacte de communication en santé mentale pour que certains termes stigmatisant ne soient plus utilisés dans les médias (de type « fou dangereux »). Le plan entend « lutter contre la surmédicalisation du mal-être et des difficultés d’ordre de social » pour donner accès aux soins à ceux qui en ont le plus besoin. Un effort national devra aussi être mené concernant « la réduction de la consommation inappropriée de psychotropes », « à partir de l’analyse des déterminants de prescriptions ». La sécurité en psychiatrie sera à repenser, « à travers le fil conducteur de la bientraitance ». Parente pauvre du premier plan, la recherche en psychiatrie devra être soutenue en veillant à décloisonner les domaines de connaissances (sciences humaines et sociales, épidémiologie, recherche clinique…). Le système de surveillance national et local en santé mentale devra être amélioré pour que soient disponibles des données sur la prévalence des problèmes de santé mentale en mobilisant un maillage relativement fin (par quartier, par ville…). Pour « prévenir et réduire les ruptures entre les savoirs », la formation de certains professionnels clés sera à renforcer, à commencer par celle des médecins généralistes. « À peine un praticien sur cinq a effectué un stage de psychiatrie au cours de sa formation initiale alors qu’il sera quotidiennement confronté à la souffrance psychique dans sa pratique », peut-on lire dans le document de travail. S’agissant de l’organisation des soins, le plan préconise de « faire évoluer le secteur » afin d’ « assurer partout un service psychiatrique de proximité ». Pour ce faire, la psychiatrie bénéficiera d’une nouvelle mission de service public qui sera instaurée par voie législative, « à savoir, une mission de service public de proximité, assurant la pérennité des atouts de la politique de secteur ».
Dispositifs alternatifs.
Pour rééquilibrer l’offre de soins, des mesures incitatives devront voir le jour dans des zones « sous-denses » en psychiatrie. Des alternatives à l’hospitalisation devront être développées, moyennant parfois des restructurations de services d’hospitalisation complète. En outre, les offres sanitaires, médico-sociales et sociales seront à articuler « notamment grâce à des coopérations structurées, des réseaux, des regroupements de coopération sanitaire et médico-sociale ». Pour faciliter cette restructuration une évolution législative sera proposée permettant à un centre hospitalier d’être membre de deux communautés hospitalières de territoires. Le plan ambitionne par ailleurs de « faire disparaître les conditions inacceptables d’hospitalisation en psychiatrie », en fermant certains « points noirs » au profit de structures neuves, réhabilitées ou de dispositifs alternatifs à l’hospitalisation. Le plan inclut en outre une évaluation de la réforme du 5 juillet 2011 sur les soins psychiatriques sans consentement. Pour le SPH, ce plan ne peut convaincre la profession car il reste borné à un « simple assemblage de thèmes et de recommandations régulièrement déclinées depuis 15 ans sans qu’il soit donné réellement les moyens de les mettre en œuvre ».
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