FALLAIT-IL aider la Grèce et tirer un trait sur la moitié des dettes qu’elles a contractées auprès des banques ? On a beaucoup glosé sur l’irresponsabilité des gouvernements grecs qui ont truqué leurs comptes pour entrer dans la zone euro et n’ont jamais su vraiment faire payer leurs impôts à leurs ressortissants. Il n’empêche que si nous laissions la Grèce sombrer, avec des conséquences épouvantables pour le niveau de vie d’un peuple déjà meurtri par les sacrifices que ses dirigeants exigent aujourd’hui de lui, nous aurions dû faire face à une crise comparable en Italie, en Espagne et au Portugal. Le degré d’irresponsabilité de chacun de ces pays est différent de celui des autres, y compris la France, mais sa nature est identique. Nous sommes tous prodigieusement endettés, Allemagne comprise. Lâcher la Grèce, c’est nous vouer nous-mêmes aux pires tourments.
- Tout cela serait la faute de l’euro. La monnaie unique est menacée non pas parce qu’elle contribuerait à notre déclin financier et économique mais parce qu’elle ne masque pas le montant de la dette allègrement accumulée depuis trente ans par la France et par les États européens. Il ne s’agit pas d’une crise de l’euro mais d’une crise de la dette.
COMMENT DIRE AUX ALLEMANDS QU’ILS DOIVENT PAYER POUR NOS INSUFFISANCES
- Pourquoi n’avons-nous pas pris des mesures d’économies il y a dix ou vingt ans ? Personne ne semble comprendre que, dans un pays comme le nôtre où la pression fiscale atteint un sommet, où la dépense publique dépasse largement la moitié de la richesse nationale, il est extrêmement difficile d’augmenter encore les impôts. Nicolas Sarkozy, en 2007, avait beaucoup d’ambition. Il comptait, pour diminuer les impôts, sur une croissance qui a été engloutie par la crise de 2008-2009. Il a incontestablement privilégié les riches. Et il est juste de dire que la pression fiscale doit être mieux répartie, en faisant payer ceux qui en ont les moyens et non pas les malades, les chômeurs ou les petits retraités. Mais qui, avant M. Sarkozy, a dénoncé l’alourdissement constant du filet social financé par l’emprunt ? Encore aujourd’hui, le gouvernement prend à la charge de l’État, chaque année, une partie du déficit social que la CRDS, la contribution que nous payons sur chaque bulletin de salaire ou sur les revenus de notre épargne pour résorber la dette sociale, ne parvient guère à compenser. Ces sommes, nous sommes allés les chercher sur les marchés, uniquement pour conserver un certain niveau de vie. Maintenant qu’il faut à tout prix commencer à rembourser pour éviter l’Apocalypse, les Français, y compris les pauvres, vont vivre moins bien ou plus mal.
- Pourquoi n’avons-nous pas donné un coup d’arrêt à la crise grecque quand elle a éclaté il y a un an ? Parce que nous ne sommes pas seuls en Europe. Parce que toute l’habileté de M. Sarkozy ne suffit pas à cacher le fait que la France n’a pas accompli les réformes structurelles qui ont été achevées en Allemagne il y a dix ans. De sorte que, quand M. Sarkozy énonce un plan capable d’apaiser la crise, cela revient à dire aux Allemands qu’ils vont payer pour nos erreurs ou nos insuffisances.
La plus grande menace sur l’euro et, au-delà, sur l’Union européenne, c’est désormais en Allemagne qu’elle se trouve, parce que les Allemands ne veulent pas être punis pour avoir été exemplaires. Aussi, quand François Hollande ou François Bayrou nous disent ce qu’il aurait fallu faire ou ce qu’il faudrait faire, ils ne nous montrent pas comment ils auraient convaincu Angela Merkel, ni au nom de quoi leurs splendides constructions intellectuelles auraient séduit la chancelière. Si M. Sarkozy n’a pas emballé cette crise comme en 2008-2009, c’est parce que la France n’a que les faibles moyens diplomatiques qu’autorise son économie désindustrialisée, grevée par d’énormes charges sociales que les bénéficiaires continuent à juger insuffisantes et que, au lieu d’avoir réduit le train de vie des Français comme cela a été fait il y a dix ans pour les Allemands, nous en sommes aujourd’hui au stade de la promesse de réforme, celle qui va faire mal, mais dont nous ne souffrons pas encore.
Le salut de l’Europe ne viendra que des sacrifices que chaque nation européenne saura faire. Il ne s’agit pas de rembourser toute la dette mais de commencer par arrêter d’emprunter. De vivre de nos recettes et non de l’emprunt. De montrer aux marchés que nous sommes sur la bonne voie. Si nous n’y parvenons pas, franchement les élections de l’année prochaine n’auront aucune importance. Droite ou gauche, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
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