La canicule de 2003 en France a alerté sur les dangers de la chaleur extrême. Pourtant, selon une étude publiée dans le « Lancet » sur 13 pays, le froid à travers le monde serait plus meurtrier que les vagues de chaleur, près de 20 fois plus. L’équipe internationale dirigée par le Dr Antonio Gasparrini, épidémiologiste au London School of Hygiene and Tropical Medicine, montre d’après l’analyse de 74 millions de décès que la mortalité attribuable à la température (7,71 % de la mortalité totale) est plus importante pour le froid (7,29 %) que pour la chaleur (0,42 %).
Pour le Dr Gasparrini : « Nos résultats (...) montrent que la majorité de ces décès surviennent aujourd’hui pour les jours modérément chauds et froids, avec la majorité survenant pour des températures modérément froides ». Les températures anormales extrêmes (‹ 2,5 et › 97,5 percentiles) ne contribuent à la mortalité totale qu’à hauteur de 0,86 %
Avoir froid à Londres ou en Thaïlande
La mortalité attribuable à une température non optimale (7,71 % en moyenne) était très variable selon les pays, allant de 3 % en Thaïlande, Brésil et Suède, à 11 % pour la Chine, l’Italie et le Japon. Les températures optimales – c’est-à-dire celle pour laquelle la mortalité était minimale – étaient ainsi variables d’un pays à l’autre, de même que ce qui était considéré comme des périodes de froid ou de chaleur.
L’analyse s’est donc faite pays par pays. Les chiffres ont été ajustés sur plusieurs critères, la température moyenne, l’éventail des températures et des indicateurs nationaux. L’effet de la température d’un jour donné sur la mortalité était défini comme le maximum de l’effet ce jour-là et les 21 jours suivants.
Un tournant
Selon le Dr Gasparrini : « Les politiques actuelles de santé publique se sont presque exclusivement focalisées à minimiser les risques sanitaires liés aux vagues de chaleur. Nos résultats suggèrent que ces mesures ont besoin d’être mises à plat et élargies de façon à prendre en compte l’ensemble des effets associés à la température. » Dans un éditorial écrit par deux chercheurs de l’université chinoise Duke Kunshan, si l’étude marque un tournant, les choses pourraient s’avérer plus subtiles. Des « facteurs de susceptibilité ou de résilience », tels que « le statut socio-économique, l’âge ou la pollution atmosphérique », non pris en compte dans l’étude du « Lancet », pourraient amener à modifier les politiques de santé publique.
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