À l’occasion de la journée mondiale de « tolérance zéro » contre les coupures et mutilations génitales féminines (C/MGF), l’Organisation des Nations Unies constate, chiffres à l’appui, que l’excision est moins répandue, notamment chez la jeune génération.
Dans les 29 pays de l’Afrique et du Moyen-Orient où se concentrent ces pratiques, 36 % des jeunes filles de 15 à 19 ans en sont victimes, contre 53 % des femmes âgées de 45 à 49 ans. Au Kenya, ces dernières sont même trois fois plus nombreuses à être excisées que leurs filles.
Mais encore 120 millions de femmes d’Afrique et du Moyen-Orient (et 140 millions dans le monde) ont subi des mutilations génitales. Le fonds des Nations Unies pour les populations (UNFPA) et l’UNICEF estiment que 30 millions de jeunes filles de moins de 15 ans peuvent y être exposées.
Changement des mentalités
Ces nouvelles évaluations font suite à l’adoption unanime, par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 20 décembre 2012, d’une résolution invitant les États à éliminer les mutilations génitales féminines. Une analyse plus approfondie sera publiée mi-2013 par l’UNICEF.
Avec l’UNFPA, l’association d’aide à l’enfance mène depuis 2008 un programme qui a conduit 10 000 communautés, soit 8 millions de personnes réparties dans 15 pays, à renoncer à l’excision. L’an dernier encore, 1 775 communautés africaines ont pris l’engagement public d’éliminer les MGF.
Les mentalités tendent à changer. En Égypte, 90 % des femmes sont excisées. Mais elles sont 28 % à penser qu’il faut éradiquer cette tradition, contre13 % en 1995.
« Les femmes et les filles ayant accédé à l’autonomie sont celles qui briseront le cycle de la discrimination et de la violence et assureront la promotion et la protection des droits fondamentaux » assure le Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA.
50 000 femmes en France
La loi d’avril 2006 réprime les excisions commises à l’étranger à l’encontre d’une victime résidant en France et permet aux femmes de porter plainte jusqu’à 20 ans après sa majorité. Mais le risque demeure pour les fillettes qui repartent dans leurs familles à l’étranger l’été.
« On peut penser que l’excision est encore pratiquée en dehors de France, lors d’un retour au pays, même si le nombre de femmes concernées reste mal connu », souligne Richard Matis, vice-président de Gynécologie sans frontières (GSF).
La sociologue et directrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS), Isabelle Gillette-Faye, partage cette inquiétude : « grâce à la surveillance des protections maternelles et infantiles (PMI), les petites filles vivant en France sont protégées de l’excision entre 0 et 6 ans, mais le risque existe quand elles repartent au pays », précise-t-elle.
Quelque 50 000 femmes adultes seraient excisées, ainsi que 11 % de leurs filles, contre 70 à 80 % dans les années 1990 : selon Isabelle Gillette-Faye, l’évolution de la législation, les procès, l’augmentation du niveau d’instruction ont eu une influence positive. « Mais si on questionne les parents sur leurs intentions, on estime que 3 filles sur 10 sont encore menacées », nuance-t-elle.
Le site « excisionparlonsen.org » a été lancé la semaine dernière. Il aborde tous les aspects de cette pratique, souvent perpétuée pour des raisons d’ordre sociologique, religieux, ou coutumier. « Ma mère ne m’a pas mutilée, elle m’a excisée pour me mettre dans les normes de ma société », y témoigne par exemple la rappeuse d’origine sénégalaise Sister Fa.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque