Il existe plusieurs types de polluants atmosphériques. Les polluants primaires, issus directement des pots d’échappement, des cheminées ou des surfaces agricoles, que sont le dioxyde de soufre (SO2), les dioxydes d’azote (NO + NO2, NOx), les particules atmosphériques primaires, les composés organiques volatils, les métaux lourds et les polluants organiques persistants, et les polluants dits secondaires issus de la transformation dans l’atmosphère des composés gazeux en particules liquides ou solides.
Les particules atmosphériques primaires, qui sont au cœur du débat actuel, peuvent être d’origine mécanique, chimique, thermique ou encore biologique. Elles sont classées selon leur taille qui conditionne leur pénétration plus ou moins profonde dans le système pulmonaire. Les polluants particulièrement surveillés sont les PM10 (diamètre inférieur à 10 microns), les PM2,5 (diamètre inférieur à 2,5 microns) et les PM1 (diamètre inférieur à 1 micron). Ces particules constituent un marqueur de la pollution atmosphérique dans son ensemble, mais aussi un marqueur sanitaire.
L’impact du chauffage résidentiel
Quelle est l’évolution de cette pollution ? Globalement, en France, les particules fines sont pour moitié issues du chauffage résidentiel et du tertiaire et pour environ 10 % du trafic routier. Ces chiffres peuvent varier en fonction des conditions climatiques et d’une ville à une autre, mais même dans les grandes villes, les particules fines proviennent plus du chauffage résidentiel que des voitures. La pollution acide (SO2 notamment) n’est plus vraiment d’actualité, car elle a été réduite de façon drastique par la désindustrialisation, notamment dans le secteur de la transformation d’énergie. Les oxydes d’azote, qui participent au réchauffement climatique et qui ont également une toxicité directe sur l’appareil respiratoire, sont issus essentiellement du transport routier, en particulier du diesel. En France, les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote ont été divisées par 2 à 3 au cours des 25 dernières années, diminution qui semble se ralentir depuis 3 ou 4 ans. Le non-respect des seuils journaliers reste toutefois relativement important dans les grandes villes, notamment pour les oxydes d’azote.
L’impact délétère de la pollution chronique sur la santé découle principalement de 4 mécanismes : la réponse au stress oxydant, le remodelage des voies aériennes, la réponse inflammatoire et enfin la réponse immunologique, avec une augmentation des sensibilisations allergéniques.
À l’origine de 90 % de la morbi-mortalité
En termes d’effets sur la santé, le niveau moyen annuel de pollution, notamment particulaire, a un impact plus important que celui des pics de pollution puisqu’il est à l’origine de 90 % de la morbidité et de la mortalité observées. Ainsi, l’effet à court terme des polluants apparaît globalement marginal par rapport à celui de la pollution de fond. Toutefois, les pics de pollution peuvent être responsables d’une augmentation des hospitalisations en urgence et d’une mortalité significative, en particulier chez les sujets de plus de 65 ans, plus par cardiopathie ischémique que par maladie respiratoire, les femmes enceintes les nourrissons et les enfants en bas âge.
Le lien entre pollution chronique et santé a fait l’objet de nombreux travaux, dont l’interprétation a été parfois rendue difficile par le rôle « parasite » du tabagisme. Mais les études ont confirmé le rôle néfaste de la pollution chronique, qui est notamment responsable d’une augmentation des décès cardiovasculaires, des cancers du poumon, de l’asthme et de la bronchopneumopathie chronique obstructive. Dans les zones urbaines, on estime que le risque de décès d’une pathologie cardiorespiratoire est augmenté de 9 % pour un incrément de 10 μg/m3 de particules fines et de 4 % pour un incrément de 10 ppb d’ozone. De même, une augmentation de 10 μg/m3 de la pollution particulaire est associée à un risque relatif de 1,1 à 1,5 de cancer bronchique, risque significatif mais qui reste cependant bien inférieur à celui rapporté avec le tabac.
Au total, selon le rapport de santé publique France publié en juin 2016, la pollution atmosphérique dans notre pays serait responsable d’une perte d’espérance de vie, qui peut dépasser 2 années dans les agglomérations les plus exposées, mais qui concerne aussi les agglomérations plus petites et les milieux ruraux. Les experts estiment à 48 000 décès par an l’impact de la pollution aux particules PM2,5 par rapport à un scénario sans pollution anthropique. Si toutes les villes arrivaient à réduire les niveaux de PM2,5 observées dans les 5 % des villes de la même classe d’urbanisation les moins polluées, 34 500 décès pourraient être évités chaque année.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Charles Dalphin, Société de pneumologie de langue française, CHU, Besançon
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