Un lit monoplace, une mini-commode avec une prise de courant, le tout dans une cabine insonorisée de 2,5 mètres carrés et 6 mètres cubes.
On pourrait se croire dans une chambre miniaturisée à la japonaise, mais la Sombox est en fait conçue pour les « siesteurs », comme les appellent ses créateurs caennais, Harold Petiard et Yann Buet : « Pour optimiser le sommeil dans cet espace épuré, cosy et chaleureux, explique celui-ci, nous utilisons la luminothérapie, avec un simulateur de crépuscule pour l’endormissement et d’aube pour le réveil, l’aromathérapie, avec des arômes apaisant de camomille et une ambiance citronnée pour le réveil ; la musicothérapie, avec une piste audio relaxante à niveau decrescendo, et une autre, qui monte avec des rythmiques accélérées ». Moyennant six euros, l’utilisateur en manque de vigilance pourra s’y allonger 30 minutes, pour une durée effective de sieste de 20 minutes, le standard retenu pour une récupération de la vigilance.
Mêmes effets que l’alcoolémie au volant.
Le concept a convaincu la BPI France qui a accordé sa bourse french-tech aux start-upeurs normands, dans le cadre de la lutte contre le fléau de la somnolence au volant : première cause d’accidents mortels sur autoroute, avec 43 % des accidents qui y sont constatés par la BAAC (base de données des accidents corporels de la circulation), l’hypovigilance serait à l’origine de 15 à 20 % des accidents sur l’ensemble du réseau routier, soit 90 à 120 accidents par an, elle multiplierait par 5,6 le risque d’accident de circulation la nuit entre 2 et 5 heures du matin et produit après 17 heures de veille les mêmes effets qu’une alcoolémie de 0,50 gramme par litre de sang. Et encore, ces données accidentologiques sont certainement sous-évaluées, en raison de la difficulté de prouver le phénomène de somnolence du chauffeur lors d’un accident et de l’absence de rubrique spécifique dans les formulaires renseignés par les forces de l’ordre pour établir les statistiques. « À la différence de l’alcool ou des psychotropes, la fatigue ne se dépiste ni se mesure, elle n’est donc pas sanctionnée », observe le Pr Damien Davenne, alors même qu’elle le facteur de loin le plus accidentogène. D’où l’intérêt des cabines Sombox. Afin de valider leur bénéfice contre l’hypovigilance, l’UMR 1075 COMETE INSERM – faculté de médecine de Caen, spécialisée dans l’étude des facteurs cognitifs qui interviennent dans la mobilité, spécialement en voiture, a établi un protocole expérimental. Deux groupes de vingt volontaires vont être comparés, le premier « siestera » assis, comme les automobilistes qui font une pause au volant, les seconds s’allongeront 30 minutes dans une Sombox. Les résultats seront publiés d’ici deux mois.
Dans le même temps, une cabine va être mise à disposition des étudiants de l’UFR de médecine de Caen. Premier client, le groupe Total a déjà passé commande pour équiper une aire d’autoroute début 2018. « Dans la foulée, nous visons la clientèle des aéroports, sujette au jet-lag, annonce Yann Buet, ainsi que celle des gares. »
À terme, les entreprises pourraient acheter des boxes à sieste. « C’est une proposition qui s’inscrit dans l’air du temps, note le Pr Davenne, alors qu’on mesure les dégâts du burn-out, et que le bénéfice d’une sieste qui coupe la journée en deux a été confirmé par l’Institut national du sommeil et de la vigilance (livre blanc publié en 2012). »
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