Comme l’explique au « Telegraph » Ranjit Sinha, le directeur du bureau central d’investigation qui a mené l’enquête, « beaucoup de docteurs ont étudié dans des facultés étrangères de mauvaise qualité et exercent avec de faux documents. Ils jouent avec la vie de centaines de gens ».
Ils jouent aussi avec leur propre vie : après son arrestation, l’un des cinq faux praticiens déjà démasqués a tenté de mettre fin à ses jours en s’ouvrant les veines.
Pour valider un diplôme de médecine obtenu hors d’Inde, il faut passer un examen dont le taux d’échec se situe entre 75 et 80 %. D’après les experts du bureau central d’investigation, un réseau d’intermédiaires sillonnent les universités étrangères à la recherche d’étudiants en manque de confiance dans leur capacité à réussir le test d’aptitude. Ces réseaux falsifient les documents médicaux. Les tricheurs paient des sommes très importantes pour obtenir le précieux sésame autorisant l’exercice en Inde : la police estime que les faux praticiens arrêtés ont déboursé entre 6 000 et 25 000 euros pour se faire délivrer l’autorisation du « Medical Council of India », équivalent de notre Ordre des Médecins.
Un million d’usurpateurs ?
Le problème des faux médecins en Inde dépasse celui des praticiens ayant obtenu leur diplôme à l’étranger. Les histoires de praticiens charlatans font régulièrement la « une » des journaux locaux : la dernière en date est celle d’un homme de 45 ans ayant quitté l’école très tôt mais qui a dirigé un cabinet médical dans la petite ville de Ramnagar (dans le Nord du pays) pendant plus de 20 ans !
L’association des médecins indiens estime qu’un million de personnes pratiquent la médecine en Inde sans autorisation. Un chiffre à comparer avec le nombre de vrais médecins en Inde, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue à 760 000. Les patients ont donc plus de chances de tomber sur un usurpateur que sur un praticien diplômé lorsqu’ils vont se faire soigner...
Il n’est pas toujours facile de distinguer les médecins de leurs concurrents illégaux, d’autant que l’omniprésence de la médecine indienne traditionnelle rend l’offre de soins difficilement lisible. Ces praticiens « traditionnels » sont enregistrés comme tels et doivent normalement se restreindre à leur spécialité. Mais ils seraient environ 400 000 à exercer la médecine conventionnelle allopathique sans autorisation.
Au problème de la qualification s’ajoute un problème quantitatif : avec seulement 0,65 médecin diplômé pour 1 000 habitants selon l’OMS (contre 3,38 en France par exemple), l’Inde souffre d’une pénurie médicale chronique. Très souvent, les patients vont consulter le seul praticien disponible. Et n’ont guère le loisir de lui demander où et comment il a obtenu ses diplômes !
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