À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, la ministre de la Santé Marisol Touraine a installé l’Observatoire national du suicide, créé par un décret du 9 septembre 2013 pour 4 ans.
Cet observatoire est placé auprès du ministre chargé de la santé et rattaché à la Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (DREES). Indépendant et pluridisciplinaire, « il a pour mission de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide, d’évaluer l’effet des politiques publiques en matière de prévention et de produire des recommandations », stipule le décret.
Un rapport par an
Cette nouvelle structure est composée de parlementaires, de directeurs des administrations centrales, d’experts, de chercheurs, de professionnels de santé, d’associatifs et des représentants des sept ministères concernés : Santé, Éducation nationale, Justice, Intérieur, Enseignement supérieur, Travail, Agriculture. Il devra publier un rapport par an sur des thèmes différents, comme le suicide chez les personnes âgées, a cité en exemple Marisol Touraine, saluant les travaux de Michèle Delaunay.
Dans son discours d’inauguration, la ministre a mis l’accent sur la prévention. « Le suicide, bien qu’intimement individuel, peut être combattu collectivement. Sa prévention ne peut pas et ne doit pas rester confidentielle » a-t-elle déclaré. Pour l’améliorer et repérer les signes d’alerte, une meilleure connaissance des suicides et tentatives de suicide est nécessaire.
11 000 suicides par an
Marisol Touraine a rappelé les chiffres qui en font un enjeu de santé publique majeur. En France, toutes les 50 minutes une personne se suicide, toutes les 4 secondes, une autre essaie. Ce sont chaque année 11 000 Français qui mettent fin à leur jour, trois fois plus que les accidents de la route et 220 000 personnes qui commettent une tentative. Le suicide est la première cause de décès chez les 25-34 ans et la 2e chez les 15-24 ans.
Parce qu’il est aussi un fait social (entaché par les inégalités), « le suicide n’est pas une fatalité » a, assuré Marisol Touraine. La création de l’Observatoire national se veut « un outil indispensable pour mieux connaître, mieux prévenir et conduire plus efficacement notre combat contre le suicide », selon les mots de la ministre.
L’appel des 44 entendu
« Vingt ans après nos premières alertes, deux ans et demi après "l’appel des 44" publié dans "Libération" et signé par 44 000 personnes, on a enfin abouti à la création de cet observatoire », se satisfait le Pr Michel Debout, psychiatre président de France Prévention Suicide, instigateur de cet appel avec Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia.
Le Pr Debout a salué le discours de la ministre de la Santé. « Marisol Touraine a montré sa volonté de situer l’observatoire au cœur de la politique de prévention, avec une meilleure connaissance de la réalité des suicides (quelles populations, l’évolution d’un an sur l’autre...) et le lancement de nouvelles études. Les intentions sont là, les orientations sont les bonnes. On sera vigilant aux moyens », explique le psychiatre au « Quotidien ».
Plus profondément, le Pr Michel Debout voit dans cette création l’amorce d’une évolution de la société Française par rapport au suicide. « C’est un phénomène qui nous touche trois fois plus que la Grande-Bretagne, et deux fois plus que l’Allemagne, et le seul domaine où il n’y avait pas d’observatoire du suicide jusqu’à aujourd’hui était la France ! C’est important que notre société regarde en face ce phénomène et que chacun soit mobilisé. »
Dans la cholécystite, la chirurgie reste préférable chez les sujets âgés
Escmid 2025: de nouvelles options dans l’arsenal contre la gonorrhée et le Staphylococcus aureus
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité