« Près de 800 substances chimiques sont connues ou sont suspectées d’interagir avec les récepteurs hormonaux et d’interférer sur la synthèse ou la conversion hormonale », soulignent l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dans un rapport qualifié d’« historique » (lire ce rapport au format PDF). Les deux organisations s’alarment des conséquences pour la santé humaine et animale.
La plupart de ces produits, d’utilisation courante « n’ont jamais subi de tests » et ce manque de données ne permet pas de connaître précisément le rôle des perturbateurs chimiques dans l’apparition de certaines pathologies comme la cryptorchidie ou l’hypospadias chez le jeune garçon, l’infertilité chez l’homme, le cancer du sein ou celui de la prostate, le cancer de la thyroïde ou encore les troubles du développement du système nerveux ou le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, voire le diabète de type 2 et l’obésité.
Incidences en augmentation
S’il est difficile de faire la part entre facteurs génétiques et non génétiques y compris les facteurs nutritionnel, ceux liés à l’âge de la mère, à une maladie virale ou à une exposition environnementale, certains arguments militent en faveur de l’implication des perturbateurs endocriniens. Parmi eux, l’augmentation rapide de l’incidence de ces pathologies au cours des dernières décennies mais aussi les effets déjà observés sur la faune (malformations, disparition de certaines espèces) ou en laboratoire.
Le rapport du groupe d’experts dirigé le Pr Ake Bergman dresse un inventaire, le plus complet possible, sur les connaissances actuelles dans le domaine. « La recherche, qui a fait d’immenses progrès ces dix dernières années, a montré que les effets perturbateurs endocriniens pouvaient être beaucoup plus étendues et beaucoup plus complexes qu’on ne le pensait », explique-t-il. Pour les experts, un soutien recherche et la mise au point de nouveaux tests, sont désormais une priorité.
Menace mondiale
« Nous devons mener d’urgence davantage de recherches », lance le Dr Maria Neira, directeur du département Santé publique et environnement de l’OMS. « Les données scientifiques les plus récentes montrent que des communautés dans le monde entier sont exposées aux perturbateurs endocriniens chimiques et aux risques qui y sont associés ... Il nous incombe de protéger les générations futures », ajoute-t-elle. Le rapport précise que la plupart des études disponibles ont été réalisées dans les pays développés. Or, « la menace est mondiale », précise-t-il.
Comme le rappelle Achim Steiner, secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations Unies et directeur exécutif du PNUE relève : « Les produits chimiques occupent une place de plus en plus importante dans la vie moderne et sont essentiels à beaucoup d’économies nationales mais leur gestion irrationnelle remet en cause la réalisation d’objectifs de développement essentiels et le développement durable pour tous. »
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque